Les «gilets jaunes», un mouvement populaire qui conteste la hausse du prix des carburants, continuaient d'affluer samedi à Paris quadrillée par un dispositif sécuritaire, notamment autour et proche du palais de l'Elysée, des périmètres interdits. Des milliers de manifestants, après une semaine de protestations à travers la France, ont déjà brisé ce dispositif au niveau de l'Arc de Triomphe qui les empêchait d'emprunter l'avenue des Champs-Elysées en direction du palais présidentiel. L'objectif du mouvement des «gilets jaunes», qui n'est encadré ni de partis politiques encore moins de syndicats, est faire entendre au président Emmanuel Macron la colère des Français contre la hausse du prix des carburants et leur ras-le-bol fiscal. Ce ras-le-bol est résumé par un des manifestants qui a déclaré aux médias : «On donne de moins en moins d'argent pour les hôpitaux, pour les écoles, c'est pourtant l'essentiel, la base de la civilisation, tout cela pour donner aux grosses boîtes. On nous fait survivre et non plus vivre. Le gouvernement, ce sont les pantins des lobbys industriels». Un seul slogan est le mot maître des manifestants : «Macron, démission», «Macron, dehors», alors que le président français n'est même pas au milieu de son mandat. Les «gilets jaunes» sont soutenus par plus de 70 % des Français, selon des sondages, rappelle-t-on. Les forces de sécurités ont pratiquement bloqué tous les accès menant vers le palais de l'Elysée, utilisant les moyens forts pour faire reculer les manifestants qui, par milliers, arrivent à la place de la Concorde, toute proche de l'Elysée. La tension commence à monter et les forces de sécurité, en situation tendue, n'ont pas manqué de charger les manifestants à coup de gaz lacrymogène. A Matignon, à des dizaines de mètres du palais présidentiel, l'affrontement a gagné en violence entre les manifestants, jeunes et moins jeunes, et les forces de l'ordre qui les poussent avec des lances à eaux, alors que les «gilets jaunes» lancent des pavés en direction de la police. Des centaines membres de l'ultra-droite, équipés de lunettes de protection et de foulards, ont été identifiés parmi les foules, qui elles restent pacifiques, et l'inquiétude monte craignant le pire. Le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, qui avait indiqué que sa maison a été «attaquée» par des «gilets jaunes», n'avait pas caché son inquiétude en autorisant les rassemblements à Paris au niveau de Champ-de-Mars, la République et Nation. Il avait même évoqué l'éventuelle présence dans les foules des éléments de l'ultra-droite. Le gouvernement redoute les violences qui ont fait, depuis une semaine, deux morts et plusieurs centaines de blessés, dont des policiers. «De la fermeté et de l'équilibre, on ne veut surtout pas de violences», a déclaré vendredi le ministre Castaner, qui vient à peine remplacer Gérard Collomb.