L'Exécutif va devoir sans doute creuser le déficit public compte tenu des besoins en financement aussi bien pour le reste de l'année 2018 que pour l'exercice 2019. Faute de réformes, la planche à billets s'est mise à imprimer à nouveau, mettant à la disposition du Trésor public un cash-flow de 420 milliards de dinars en septembre. La valeur des tirages de monnaie a grimpé ainsi à 4 005 milliards de dinars à fin septembre, si on se fie à la situation mensuelle de la Banque d'Algérie, publiée au Journal officiel n° 69. Les précédentes situations mensuelles de la Banque d'Algérie ont montré que la valeur des tirages de monnaie, arrêtée à fin mars 2018, se chiffrait à 3 585 milliards de dinars. La valeur de ces quantités de billets produites au moyen de la planche à billets n'a pas évolué d'un centime entre fin mars et fin août. Sur le seul mois de septembre 2018, 420 milliards de dinars ont été produits par la Banque centrale. Ce montant, qui vient s'ajouter aux 3 585 milliards de dinars produits d'octobre 2017 à fin mars 2018, a aidé, probablement, à couvrir certaines dépenses à caractère urgent, alors que la loi de finances complémentaire de l'actuel exercice a prévu une rallonge budgétaire de 500 milliards de dinars pour la couverture de certains investissements publics, dont le projet de valorisation des mines de phosphate de la wilaya de Tébessa. Faute de disponibilités financières en raison de l'amenuisement des avoirs du FRR (Fonds de régulation des recettes pétrolières), le gouvernement ne peut que solliciter davantage la planche à billets pour couvrir les trous de sa trésorerie. Ce moyen de financement, dit non conventionnel, validé par le Parlement en octobre 2017, suite aux correctifs apportés à la loi sur la monnaie et le crédit, devait servir initialement à couvrir la dette interne, à monétiser les déficits et à financer les engagements du Fonds national d'investissement (FNI). L'article 45 bis de la loi relative à la monnaie et au crédit de 2003, modifiée et complétée en octobre 2017, stipule que "la Banque d'Algérie procède, à titre exceptionnel et durant une période de cinq années, à l'achat directement auprès du Trésor de titres émis par celui-ci, à l'effet de participer notamment à la couverture des besoins de financement du Trésor, au financement de la dette publique interne et au financement du Fonds national d'investissement (FNI)". Depuis octobre, cette émission de titres au profit du Trésor public a permis l'impression de 4 005 milliards de dinars à fin septembre 2018. Cette dette a permis le remboursement des titres de l'emprunt national pour la croissance lancé en avril 2016, ceux du Trésor émis en contrepartie du rachat de la dette bancaire de Sonelgaz ainsi que les titres du Trésor émis au profit de Sonatrach en compensation du différentiel sur les prix des carburants importés et de l'eau dessalée. La planche à billets avait permis également au Trésor public de sauver la Banque nationale d'Algérie (BNA) en rachetant en cash 545 milliards de dinars qu'il avait repris en bons du Trésor, de financer les projets AADL à hauteur de 154 milliards de dinars, de couvrir la moitié du déficit prévu pour 2018, en injectant 900 milliards de dinars, et à renflouer la Cnas pour 500 milliards de dinars. L'Exécutif va devoir sans doute creuser le déficit public compte tenu des besoins en financement aussi bien pour le reste de 2018 que pour l'exercice 2019. Sur papier, les besoins en financement au moyen de la planche à billets ont été évalués à 1 874,4 milliards dinars pour 2019, à 746,5 milliards de dinars pour 2020 et à 796,5 milliards dinars pour 2021. Les besoins en financement pourraient se révéler plus importants si le gouvernement venait à ajourner à nouveau son plan d'assainissement des finances publiques prévu à partir de 2019. Le gouvernement avait déjà changé de ton en 2017 en remettant à plus tard l'essentiel des réformes budgétaires et économiques, dont une partie a été lancée à la mi-2015 et en 2016. Deux années perdues dans l'attente d'une improbable remontée des cours du pétrole, alors que le temps presse, les déficits s'aggravent et les déséquilibres persistent. Ali Titouche