Il y a quelques semaines, il était fait état par le directeur général du Trésor de la possibilité que l'Algérie pourrait ne pas avoir recours au financement non-conventionnel en 2019. Ceci, en raison de l'amélioration sensible des grands indicateurs économiques et de la hausse de la fiscalité pétrolière résultant de l'embellie des cours d'avant octobre-novembre. Mais avant l'entrée de la nouvelle année et jusqu'à fin septembre dernier, la Banque d'Algérie a renfloué les caisses du Trésor public en actionnant le processus de création monétaire non-conventionnelle pour un montant global de 4 005 milliards de dinars. On rappellera qu'à la fin mars dernier, selon un relevé de la Banque d'Algérie, 3 585 milliards de dinars avaient été émis. Ainsi, entre mars et septembre, la planche à billets a été sollicitée pour la création de 420 milliards de dinars. Des chiffres qui, évidemment, donnent le tournis et surtout montrent que les pouvoirs publics font peu cas des craintes notamment des institutions financières et monétaires internationales ainsi que d'économistes et financiers de chez nous qui, l'année dernière, lorsque la Banque d'Algérie annonçait qu'au 30 novembre de cette année-là, la première de la mise en application de la décision du recours à ce financement honni par les économistes, les pouvoirs publics avaient émis 2 185 milliards de dinars avant d'imprimer 1 400 nouveaux milliards de dinars entre début décembre 2018 et mars de cette année. Donc, à la fin du premier trimestre de cette année, la Banque d'Algérie a prêté au Trésor public 3 585 milliards de dinars puis élevé ce prêt à un total de 4 005 milliards de dinars jusqu'à fin septembre dernier. Des chiffres d'une autre dimension comparés à ceux livrés par le ministre des Finances, Abderrahmane Raouya, qui expliquait, il y a un peu plus d'une année, que les pouvoirs publics escomptaient émettre pour les besoins du financement public 570 milliards de dinars en 2017, alors qu'en 2018, il allait y avoir la création de 1 815 milliards de dinars. Force est de constater qu'aujourd'hui, l'on se retrouve bien loin du compte, la création de monnaie ayant atteint pratiquement le double de ce qui avait été prévu pour cette année finissante. Et ce ne sont pas les assurances du même ministre des Finances quant à la «stérilisation» de tout cet argent qui atténueront les inquiétudes face aux potentielles menaces inflationnistes qui guettent l'économie nationale. Pour demeurer dans les chiffres, on rappellera également qu'au titre de l'année 2019, les pouvoirs publics ont projeté de créer 580 milliards de dinars. Au regard de la tournure prise par les grands indicateurs de l'économie nationale, conjuguée aux prédictions du FMI et de la Banque mondiale, en plus du doute qui continue de planer sur les marchés pétroliers malgré l'accord devant faire baisser la production journalière des pays de l'Opep et ses alliés à 1,2 million de barils il y a matière à douter que ce seront bien 580 milliards de dinars «uniquement» qui seront imprimés. Azedine Maktour