Après la semaine amazighe, organisée récemment avec succès à Hammam Righa, la chanson d'expression kabyle était encore une fois, jeudi dernier, à l'honneur — et quel honneur — avec le poète Aït Menguellet. Ainsi, le chantre de la chanson kabyle, le monument, Lounis Aït Menguellet, a honoré de sa présence la wilaya de Aïn Defla pour présenter son nouvel album intitulé Yennad umghar, sorti le 17 janvier dernier à Tizi Ouzou chez Izem production. Cet album, qui vient après le succès de Inassen, livre un Aït Menguellet toujours égal à lui-même. Il met en exergue les paroles du sage dans ses chansons, en poussant plus profondément ses critiques d'une société qui ne prend plus en considération les valeurs ancestrales. En tout, six chansons : Da Yidhir, Yerna yiwen Wass, Ccna n'teimit, Inid ayamghar, Yennad umghar et Asendun aman. Lors de sa conférence de presse, tenue au niveau du salon d'honneur de la villa d'hôte du wali de Aïn Defla, Aït Menguellet, après une tournée dans 5 wilayas, a déclaré qu'il éprouvait un immense plaisir de se produire pour la première fois dans cette wilaya où il compte un appréciable nombre d'admirateurs, tout en appréciant la structure d'accueil. “Je n'aspirais pas à être le sage tel que je le raconte dans mon album, mais juste celui qui raconte les dires de ce sage. En quelque sorte, je suis son porte-parole”, dira-t-il modestement. Une décennie de malentendus, dus à l'absence de communication, a fait que chanter des poèmes était la seule façon de réparer ce genre de lacunes. Lounis qui, par pudeur, refuse le titre de chanteur engagé s'interroge : “C'est qui un chanteur engagé ? J'ai écrit beaucoup de chansons engagées durant une époque donnée. Mais, actuellement, on peut dire qu'il y a la liberté d'expression. Même si je fais un peu de politique non partisane dans mes chansons, n'empêche que je suis nul dans ce genre d'exercice.” En répondant aux questions des journalistes, le poète s'est montré très à l'aise à esquiver certaines questions. Cependant, il s'est défendu d'avoir choisi des thèmes pour les chanter, car, assure-t-il, ses poèmes sont dictés par les contextes ou les paramètres de la vie. Le concert donné à la salle de cinéma El-Abtal de Aïn Defla, pleine comme un œuf, pour la circonstance, par des admirateurs venus des quatre coins de la wilaya, et même des wilayas limitrophes, a été une grande réussite. La puissance du verbe du poète et sa troupe de musiciens, menée par son fils Djaâfar, n'ont laissé aucun parmi l'assistance indifférent. Cela fait une décennie que le chef-lieu de la wilaya n'avait connu un concert de la sorte. Ses chansons ont été un régal pour les oreilles. Il est sûr que la troupe ne s'attendait pas à pareille réussite. Car, certains, n'ayant pas pu accéder à la salle, ont dû attendre la fin du concert pour tenter de s'approcher de leur idole. MOHA B.