L'Opep peine à rassurer le marché pétrolier. L'effet psychologique recherché par la réunion, dimanche, au Koweït, des producteurs siégeant dans le conseil ministériel de l'Organisation des pays arabes exportateurs du pétrole (Opaep) n'a pas eu lieu. Preuve en est que les cours du brut reculaient à nouveau, hier, premier jour de cotation hebdomadaire, au lendemain de la réunion du Koweït, les investisseurs n'étant pas convaincus par des ministres de l'Opep qui ont affirmé que le marché serait à l'équilibre en 2019. Excepté l'annonce d'une probable reconduction de l'accord du 7 décembre dernier pour six mois de plus, soit jusqu'à fin 2019, les producteurs n'avaient aucune mesure concrète à annoncer, ce qui a revivifié les inquiétudes quant aux excédents de l'offre. De ce fait, le marché n'a pas tardé à sanctionner les producteurs réunis au Koweït, reprenant de plus belle ses mouvements baissiers amorcés depuis début octobre. Vers 17h30 GMT, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en février valait 52,87 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 1,23 dollar par rapport à la clôture de vendredi. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance perdait 1,25 dollar à 44,34 dollars une heure après son ouverture. Sans l'ombre d'un doute, c'est la surabondance de l'offre qui fait plonger les prix de l'or noir à leur plus bas depuis l'été 2017, alors que l'Opep peine à fixer les quotas de production et à mettre en œuvre son nouvel accord portant sur une réduction de 1,2 million de barils par jour de l'offre des 25 pays Opep et non-Opep. Les coupes prévues devraient être annoncées cette semaine, mais les investisseurs doutent que ce niveau de réduction puisse éponger les excédents du marché. Ceux-ci sont de l'ordre de 26 millions de barils, alimentés essentiellement par une production américaine qui culmine à plus de 11,7 millions de barils/jour, une offre russe qui signe un record post-soviétique de 1,6 mbj et une production saoudienne qui a dépassé les 11,2 mbj. Ces niveaux de production ont entraîné une chute vertigineuse des prix depuis début octobre, reculant de 36% à vendredi dernier. Face à cette perte, les producteurs siégeant dans l'Opaep ont tenté vainement de convaincre le marché, pariant sur un retour à l'équilibre en 2019. "Les coupes prévues ont été soigneusement étudiées, mais si cela ne fonctionne pas, nous avons toujours la possibilité de tenir une réunion extraordinaire de l'Opep, comme nous l'avons fait par le passé", a déclaré Suhail Al-Mazrouei, président de l'Opep. "Si nous sommes obligés de prolonger notre mandat de six mois, nous en discuterons et, le cas échéant, nous pourrons trouver le bon équilibre", a-t-il indiqué à l'issue de la réunion du conseil ministériel de l'Opaep. La chute des cours, hier, à moins de 53 dollars le baril de Brent, renseigne d'un marché plutôt pessimiste et insensible aux annonces de l'Opep. La semaine dernière, le pétrole a enregistré sa plus forte baisse hebdomadaire depuis 2016, craignant que le ralentissement de la croissance économique et l'augmentation de l'approvisionnement des Etats-Unis ne conduisent à un excédent l'année prochaine, réduisant ainsi à néant les efforts de l'Opep pour stabiliser le marché. Ali Titouche