l Les manifestants demandent la libération des détenus l Ces derniers sont condamnés à de lourdes peines de prison. A l'appel d'organisations de gauche et syndicales, des milliers de personnes ont pris part hier à une marche de solidarité à Casablanca avec les meneurs du mouvement Hirak, condamnés récemment à de sévères peines de prison. A cette occasion, les manifestants ont dénoncé leur condamnation et appelé à la libération des détenus. Ils ont marché pendant plus de deux heures dans le centre de la ville. Des protestataires ont brandi des portraits des meneurs du mouvement, des drapeaux amazigh ou symbolisant le Mouvement du 20 Février, la version marocaine des révoltes arabes en 2011 et des pancartes fustigeant un «procès politique». Le 26 juin, la chambre criminelle de la cour d'appel de Casablanca a condamné 53 activistes formant le noyau du mouvement de protestation, appelé Hirak, à de lourdes peines de prison. Le procès a duré neuf mois. Les prévenus ont boycotté les derniers jours d'audience et refusé de prendre la parole aux dernières heures du procès. Les avocats ont refusé de plaider par solidarité avec la protestation des accusés contre la «partialité de la justice». Lourdes peines Ainsi, le leader de ce mouvement, Nasser Zefzafi, et trois de ses compagnons ont notamment écopé de 20 ans de réclusion pour «atteinte à la sécurité de l'Etat». Les 49 autres militants qui comparaissaient avec eux ont écopé de peines comprises entre un et quinze ans de prison. Tous les détenus ont décidé de faire appel, excepté Rabie Al Ablak, un activiste originaire d'Al Hoceïma (ville épicentre du mouvement), en grève de la faim depuis plusieurs semaines. Quant au journaliste Hamid Al Mahdaoui, il a été condamné le 28 juin à trois ans d'emprisonnement pour«non-dénonciation d'une tentative de nuire à la sécurité intérieure de l'Etat», après sa couverture des événements du Rif. Il est jugé en même temps que les 53 militants du Hirak, mais son cas est traité séparément. «Je ne conteste pas le fait d'être jugé selon le code pénal et non selon le code de presse, mais je demande à ce que le jugement soit juste et équitable», a déclaré le journaliste à la fin des audiences devant la chambre criminelle de la cour d'appel de Casablanca. Le directeur du site d'information Badil a été arrêté en juillet dernier dans la ville d'Al Hoceïma, au Rif, pendant qu'il couvrait un rassemblement du mouvement populaire du Hirak. Il a été jugé pour avoir reçu un appel d'un Marocain résidant aux Pays-Bas évoquant «des armes destinées au Hirak» et n'avoir pas alerté la police. «Je le considérais comme un fou, un menteur, ou comme quelqu'un qui cherchait à me piéger (…) je n'ai jamais pris ses dires au sérieux», s'est défendu Al Mahdaoui, connu pour ses prises de position contre le pouvoir. En octobre 2016, la mort d'un vendeur de poisson, Mouhcine Fikri, à Al Hoceïma, berceau de la contestation du Rif, broyé dans une benne à ordures en tentant de s'opposer à la saisie de sa marchandise, de l'espadon, a provoqué la colère des populations locales traduite par des mois de manifestations. D'où des vagues d'arrestations parmi les protestataires. Au départ, les manifestants exigeaient justice et vérité sur la mort du vendeur de poisson. Avec le temps, le mouvement s'est étendu à des revendications sociales et économiques, la région du Rif, historiquement frondeuse, s'estimant marginalisée.