L'ONG Human Rights Watch (HRW) a dénoncé mercredi la condamnation du journaliste marocain Hamid el Mahdaoui à trois ans de prison pour la couverture médiatique du mouvement de protestation populaire du "Hirak", indiquant que cette condamnation envoie un "message glaçant à ce qui reste de journalistes indépendants dans le pays". Pour HRW, la condamnation du journaliste et directeur du site Badil.info, Hamid el Mahdaoui, à trois ans d'emprisonnement, relève de "l'usage arbitraire de la loi contre un journaliste, par des autorités qui ont déjà radicalement réduit le champ de la libre expression au Maroc". Le directeur du site Badil avait déja été arrêté en juillet 2017 dans la ville d'Al-Hoceïma (nord), pendant qu'il couvrait un rassemblement du mouvement populaire qui a agité la province du Rif en 2016-2017. Selon HRW, sa nouvelle condamnation envoie un "message glaçant à ce qui reste de journalistes indépendants dans le pays". Plusieurs villes marocaines vivent depuis plus d'un mois au rythme des manifestations qui dénoncent la condamnation des détenus du mouvement Hirak du Rif en juin dernier à de lourdes peines et appelant à la levée du "siège militaire imposé à la région du Rif" et au boycott de la "justice marocaine . Des milliers de personnes ont pris part dimanche à Rabat à la marche nationale pour la libération des ces détenus. Ils ont scandé des slogans hostiles au Makhzen, tels que "le peuple boycotte la justice", "non au siège imposé à la région du Rif" et "liberté aux détenus du Hirak", ont rapporté les médias. Des familles des détenus, des leaders des partis de gauche à savoir Nabila Mounib et Omar Balafrej ainsi que Mohamed Abbadi, leader de la "Jamaâ Al Adl Wal Ihssane" ont été les chefs de files de cette manifestation initiée pour réclamer la libération des prisonniers politiques du Hirak rifain. Selon des sources locales, le Makhzen a empêché les Marocains de sortir de leurs villes pour rejoindre la marche nationale organisée à Rabat. De nombreuses unités de la police et de la gendarmerie royale ont été déployées dans les sorties des villes de Berchid, Fés, Taza, Oujda, Meknès, Sidi Kassem, afin d'empêcher les bus et trains de transporter les manifestants. Cette marche nationale s'inscrit dans le cadre des actions de protestation menées par le comité de soutien aux détendus du Hirak qui avait dénoncé vivement les lourdes peines infligées aux 54 militants de la contestation rifaine par la Cour d'appel de Casablanca le 26 juin dernier. Les peines comprises entre un et 20 ans de prison. Le 8 juillet, une marche de la même envergure avait été organisée à Casablanca par le comité de défense et de soutien du mouvement Hirak et d'autres forces politiques marocaines, mobilisant des milliers de citoyens marocains indignés par le procès Hirak. Le leader du mouvement Nasser Zefzafi et trois de ses compagnons avaient écopé de 20 ans. Tous les détenus ont décidé de faire appel du verdict, qui a suscité des réactions d'incompréhension et d'indignation dans le royaume et à l'étranger.