Les 53 militants détenus du mouvement Hirak du Rif ont refusé leur transfert de Casablanca à différentes prisons de la région d'Al Hoceïma, après avoir été prévenus par la direction de l'établissement pénitencier qu'ils devront être séparés en groupes avant d'être dispersés dans différents établissements pénitenciaire, a annoncé le coordinateur du comité de défense des détenus, l'avocat Mohamed Aghnaj, cité jeudi par les médias marocains. Après avoir entamé puis suspendu une grève de la faim illimitée pour protester contre leurs conditions de détention, ainsi que les lourdes peines dont ils écopent de 1 à 20 ans de prison ferme, les détenus du mouvement Hirak ont refusé, selon le coordinateur du comité de défense des détenus, leur transfert vers des prisons d'Al Hoceima, ont ajouté les mêmes sources. Leur ayant rendu visite, mardi dernier, l'avocate Asma Elouadie a confirmé, de son côté que la direction de l'établissement pénitencier avait distribué aux détenus des formulaires à remplir à cet effet. Ce qu'ils ont tous refusé catégoriquement, a-t-elle affirmé. Le coordinateur du comité de défense des détenus du Hirak du Rif, l'avocat Mohamed Aghnaj, n'a pas écarté l'éventualité d'un transfert sous peu de ces détenus incarcérés actuellement à la prison de Oukacha (Casablanca) vers d'autres prisons. Selon cet avocat, "la direction pénitentiaire leur a demandé où ils aimeraient être transférés sous le prétexte de les rapprocher de leurs familles", ajoutant que la direction de prison avait commencé à les préparer à ce transfert en les séparant en petits groupes distincts. L'avocat a fait savoir mercredi que le leader du mouvement, Nasser Zefzafi, se trouve dans "un groupe de 7 personnes dans l'aile 6 de la prison". "Un troisième groupe réunissant le même nombre de détenus et dans lequel se trouve le numéro 2 du mouvement Nabil Ahamjik est, lui, dans l'aile 4", a-t-il mentionné. "Cette répartition a été effectuée dans cette prison depuis le 6 juillet dernier" a soutenu Mohamed Aghnaj, qui s'est rendu mardi dernier chez les détenus. Le coordinateur du comité de défense du Hirak a fait savoir également que la direction de la prison avait invité les militants emprisonnés "à présenter des demandes de grâce royale", soulignant que certains avaient accepté, alors que d'autres étaient contre cette proposition" vu qu'ils sont considérés comme des prisonniers politiques injustement condamnés. "Ceci a donné lieu à certaine division entre les militants", a encore confié l'avocat, dénonçant "une démarche visant à semer la zizanie" entre les acteurs du mouvement contestataire rifain. "En cas de leurs transferts, les avocats, en majorité issus du barreau de Casablanca, auront du mal à remplir leur mission auprès des détenus en n'ayant plus la possibilité de leur rendre visite aussi régulièrement en raison de la distance qu'ils devraient parcourir", a tenu à signaler le coordinateur du comité de défense. Selon l'avocat, le procès en appel des détenus du mouvement Hirak est attendu probablement au mois de septembre prochain.
HRW dénonce la condamnation d'un journaliste L'ONG Human Rights Watch (HRW) a dénoncé mercredi la condamnation du journaliste marocain Hamid el Mahdaoui à trois ans de prison pour la couverture médiatique du mouvement de protestation populaire du "Hirak", indiquant que cette condamnation envoie un "message glaçant à ce qui reste de journalistes indépendants dans le pays". Pour HRW, la condamnation du journaliste et directeur du site Badil.info, Hamid el Mahdaoui, à trois ans d'emprisonnement, relève de "l'usage arbitraire de la loi contre un journaliste, par des autorités qui ont déjà radicalement réduit le champ de la libre expression au Maroc". Le directeur du site Badil avait déja été arrêté en juillet 2017 dans la ville d'Al-Hoceïma (nord), pendant qu'il couvrait un rassemblement du mouvement populaire qui a agité la province du Rif en 2016-2017. Selon HRW, sa nouvelle condamnation envoie un "message glaçant à ce qui reste de journalistes indépendants dans le pays". Plusieurs villes marocaines vivent depuis plus d'un mois au rythme des manifestations qui dénoncent la condamnation des détenus du mouvement Hirak du Rif en juin dernier à de lourdes peines et appelant à la levée du "siège militaire imposé à la région du Rif" et au boycott de la "justice marocaine . Des milliers de personnes ont pris part dimanche à Rabat à la marche nationale pour la libération des ces détenus. Ils ont scandé des slogans hostiles au Makhzen, tels que "le peuple boycotte la justice", "non au siège imposé à la région du Rif" et "liberté aux détenus du Hirak", ont rapporté les médias. Des familles des détenus, des leaders des partis de gauche à savoir Nabila Mounib et Omar Balafrej ainsi que Mohamed Abbadi, leader de la "Jamaâ Al Adl Wal Ihssane" ont été les chefs de files de cette manifestation initiée pour réclamer la libération des prisonniers politiques du Hirak rifain. Selon des sources locales, le Makhzen a empêché les Marocains de sortir de leurs villes pour rejoindre la marche nationale organisée à Rabat. De nombreuses unités de la police et de la gendarmerie royale ont été déployées dans les sorties des villes de Berchid, Fés, Taza, Oujda, Meknès, Sidi Kassem, afin d'empêcher les bus et trains de transporter les manifestants. Cette marche nationale s'inscrit dans le cadre des actions de protestation menées par le comité de soutien aux détendus du Hirak qui avait dénoncé vivement les lourdes peines infligées aux 54 militants de la contestation rifaine par la Cour d'appel de Casablanca le 26 juin dernier. Les peines comprises entre un et 20 ans de prison. Le 8 juillet, une marche de la même envergure avait été organisée à Casablanca par le comité de défense et de soutien du mouvement Hirak et d'autres forces politiques marocaines, mobilisant des milliers de citoyens marocains indignés par le procès Hirak. Le leader du mouvement Nasser Zefzafi et trois de ses compagnons avaient écopé de 20 ans. Tous les détenus ont décidé de faire appel du verdict, qui a suscité des réactions d'incompréhension et d'indignation dans le royaume et à l'étranger.