Les constructeurs automobiles, dans leur grande majorité, n'ont pas fait preuve de diligence pour respecter les clauses contenues dans le cahier des charges, dans le décret exécutif n°17-344 du 28 novembre 2017, pour pallier les insuffisances enregistrées, "c'est-à-dire la nécessité de passer par la phase de montage et de l'assemblage pour parvenir à la fabrication de parties, puis de pièces de rechange et à une véritable industrie automobile". C'est ce qui ressort de la déclaration du ministre de l'Industrie et des Mines, Youcef Yousfi, qui a considéré, jeudi dernier, devant les députés à l'Assemblée populaire nationale (APN), que les constructeurs automobiles étaient obligés, conformément aux dispositions du cahier des charges, de produire des véhicules compétitifs et de respecter l'engagement à exporter l'excédent de la production non écoulée sur le marché national. En mettant la pression sur les opérateurs de cette industrie naissante, mais qui peine à décoller, M. Yousfi a rappelé que "le cahier des charges prévoit un ensemble d'engagements relatifs à la nécessité d'atteindre un taux d'intégration minimum de 15% après la troisième année d'activité, et de 40 à 60% après la cinquième année, outre le respect par le constructeur-partenaire de vendre les collections destinées au montage au même prix que celui de la sortie d'usine". En lançant une pique en direction de ces constructeurs, le ministre en charge du secteur a estimé, à demi-mot, que ces usines de montage ne devraient pas continuer à se contenter de l'assemblage des collections SKD (Semi Knock Down) et qui ont coûté la bagatelle de plus de 2,5 milliards de dollars à la trésorerie de l'Etat. Pour M. Yousfi, "ces constructeurs devraient développer la sous-traitance en matière d'industrie automobile en Algérie afin de parvenir à une véritable industrie et créer des centaines d'entreprises qui génèreront des postes d'emploi (…) L'Algérie a œuvré au développement d'un tissu industriel, qui se renforce jour après jour, et s'oriente vers la création d'un climat propice au développement de la sous-traitance, pour parachever la première phase de l'industrie automobile, le montage et l'assemblage, avant de parvenir à une véritable industrie automobile". Visiblement confus dans ses réponses, il dira encore que "cette opération impliquait la création, de façon graduelle, de centaines d'entreprises sous-traitantes. Sans des usines de montage, comme première phase, il ne saurait y avoir, à l'avenir, une véritable industrie automobile". Soulignant que le ministère travaillait sur un programme de réhabilitation des sous-traitants locaux et d'accompagnement des investisseurs et de nouveaux sous-traitants, M. Yousfi a fait état de l'installation d'un groupe de travail au niveau de son département pour se pencher sur ce dossier et dégager des solutions permettant d'atteindre l'objectif escompté. Il n'en dira pas plus sur cette structure, mais tout prête à croire que le département de M. Yousfi remet en cause, dans le fond, la gestion du dossier relatif au montage automobile dans sa globalité. D'autant que de nouvelles marques pourraient obtenir l'aval du CNI (Conseil national d'investissement) pour venir se greffer à la quinzaine d'usines qui activent dans ce secteur ce qui contraindrait la trésorerie de l'Etat à augmenter les dépenses en devises. Le ministre ne conclura pas son intervention sans évoquer les 12 projets sidérurgiques qui pourraient contribuer à développer l'industrie automobile en Algérie. Il dira que "l'Algérie a enregistré un net progrès en matière de production qui commence à se concrétiser sur le terrain, mais les constructeurs doivent se rappeler que pour asseoir une véritable industrie automobile, il a été procédé à l'élaboration d'un cahier des charges fixant un ensemble d'obligations pour les constructeurs en contrepartie des avantages accordés". FARID BELGACEM