L'Etat tient sérieusement au développement de l'industrie automobile locale. C'est ce qu'a rappelé hier le ministre de l'Industrie et des mines lors de sa visite d'inspection et de travail à Bordj Bou Arréridj, invitant les constructeurs à respecter leurs plans de charge. En effet, Youcef Yousfi est revenu sur les intentions des pouvoirs publics pour cette activité naissante en Algérie, en soulignant qu'il est attendu des constructeurs soutenus par l'Etat dans ce domaine d'investir concrètement dans la création d'une activité reposant sur l'amélioration du taux d'intégration à travers le secteur de la sous-traitance. «Notre politique est d'encourager pleinement l'industrie automobile en Algérie. J'insiste : l'industrie automobile et non le montage», a-t-il précisé, s'adressant particulièrement aux différents constructeurs qui ont ouvert des usines de montage dans notre pays, notamment les groupes mondiaux Renault, Volkswagen, Hyundai, KIA et bientôt Peugeot-Citroën. Il est clair, selon le ministre, M. Yousfi, que sans le secteur de la sous-traitance, cette industrie automobile n'aura aucun sens. C'est pour cela, explique-t-il, que «nous encourageons cette branche qui doit produire les principaux composants de la voiture» ici en Algérie. C'est d'ailleurs le seul moyen pour réduire la facture des importations des nouvelles usines automobiles, ayant opté pour l'instant à faire de l'assemblage afin de maintenir leurs parts de marché et de se projeter dans l'activité industrielle. La facture d'importation des véhicules (véhicules de tourisme et ceux de transport de personnes et de marchandises) ainsi que des collections CKD destinées à l'industrie de montage de ces véhicules a enregistré une hausse en 2017, atteignant 1,8 milliard de dollars contre 897,35 millions de dollars en 2016, en hausse de plus de 904 millions de dollars (+101%). En janvier 2018, la facture des importations de véhicules de tourisme et des collections CKD destinées à l'industrie de montage a été de 191,06 millions dollars USD, soit la troisième position tarifaire des produits importés durant la même période derrière celle des céréales, semoules et farine (253,13 millions dollars, +5,2%) et les médicaments (207 millions de dollars, +101,08%), selon des statistiques des Douanes algériennes. Il est clair que le gouvernement qui a suspendu les importations de véhicules neufs pour éviter l'érosion des réserves de change en forte baisse ces dernières années ne veut pas se retrouver à faire face à une facture énorme induite par des importations des composantes destinées aux usines de montage. Pour le volet prix des véhicules assemblés en Algérie, le ministre a tenu à défendre les attentes des consommateurs en estimant que «si les autorités encouragent les constructeurs automobiles qui ont lancé leur projet, elles veilleront en parallèle à la protection des droits du consommateur et des citoyens en général». Yousfi a d'ailleurs invité les constructeurs à être «transparents» avec leurs clients. «Il faut qu'il y ait de la transparence en matière de prix des voitures», souligne-t-il. Le ministre de l'Industrie Youcef Yousfi a d'ailleurs annoncé que ses services «sont en train d'examiner cet aspect progressivement». Pour rappel, les constructeurs automobiles ont déjà transmis le 14 mars dernier au département de l'Industrie les prix «sortie d'usine» des voitures montées. Les prix rendus publics devraient permettre à l'Etat de vérifier s'il n'y a pas eu d'abus en la matière, sachant que ces constructeurs ont bénéficié de plusieurs avantages fiscaux et parafiscaux, sans oublier le soutien pour disposer d'assiettes foncières et d'autres moyens logistiques. La liste des prix a été jugée toutefois excessive par les citoyens, appelant à travers les réseaux sociaux au boycott des véhicules montés localement. Dans le même contexte, il y a lieu de rappeler aussi les déclarations optimistes tenues vendredi par le PDG d'Algerian Group of Mechanics (AGM Spa), Bachir Dehimi, qui a indiqué qu'à la faveur d'un nouveau cahier des charges relatif au montage automobile et du rythme de développement de la filière, l'Algérie disposera d'ici à quatre ans d'un important tissu de sous-traitants industriels. Le PDG d'AGM a indiqué que la sous-traitance en Algérie, notamment dans la filière de la mécanique, a beaucoup évolué, soulignant que le taux d'intégration se situe entre 25 et 80%. Pour lui, «le montage de voitures est un passage obligé qui nécessite beaucoup de choses : le volume, la sous-traitance, l'intégration et la formation».