Le président du conseil d'administration de NCA-Rouiba soumet une série de propositions pour permettre à Africinvest de céder ses actions via la Bourse d'Alger et faire sortir la place financière algérienne de sa léthargie. L'imbroglio qui règne au sein de la Bourse d'Alger autour des transactions relatives au titre de NCA-Rouiba, de par la présence d'un fonds d'investissement étranger dans le capital, en l'occurrence Africinvest, affecte négativement l'image de l'Algérie à l'international et crée un fort sentiment de défiance vis-à-vis de la place financière algérienne. C'est ce que relève le président du conseil d'administration de NCA-Rouiba, Slim Othmani, dans une lettre adressée, en septembre 2018, au ministre des Finances, dans laquelle il sollicite son intervention. NCA-Rouiba a été introduite en Bourse en 2013 accompagnée par une levée du droit de préemption de l'Etat pour ce qui concerne le fonds d'investissement étranger Africinvest qui détenait 34,6% du capital de la société. Le jour de l'introduction en Bourse, Africinvest avait réussi à céder une partie de sa participation représentant 20% du capital. "Il lui restait donc 14,6% qui allaient de facto être progressivement vendus au gré des transactions qui s'opèreraient sur le titre à la Bourse d'Alger", indique M. Othmani. Malheureusement, en 2014, le ministère de l'Industrie s'est opposé à une transaction entre un acquéreur algérien et le fonds Africinvest pour la totalité des 14,6% du capital (une transaction de bloc à la Bourse), prétextant le fait que le droit de préemption n'avait pas de validité permanente et que l'officialisation de la transaction devrait attendre leur réponse pour qu'elle puisse se réaliser, enfreignant le fonctionnement normal de la Bourse qui veut qu'un titre au porteur soit librement négociable. Résignés, l'acheteur et le vendeur ont accepté l'attente imposée par ce surprenant obstacle bureaucratique. "Cependant, au lieu et place du délai légal d'un mois, le ministère nous a répondu en mai 2017, soit quasiment trois années après. Entre-temps, l'acheteur algérien s'est désisté et la transaction n'a pas été conclue", regrette le patron de NCA-Rouiba. "Nous ne fûmes pas au bout de nos surprises puisque le texte de réponse du courrier du ministère de l'Industrie relatif à la levée du droit de préemption stipulait que seul un membre de la famille Othmani (actionnaire historique) pouvait acquérir les 14,6% du capital. Un deuxième choc venait donc secouer la Bourse d'Alger avec un retentissement négatif aussi bien au niveau national, qu'au niveau international", ajoute M. Othmani. Pour ce dernier, l'image de l'Algérie a été fortement écornée et le fonctionnement de la Bourse d'Alger en a subi de graves conséquences. "Depuis cet épisode, la Bourse d'Alger est plus que moribonde et les seuls titres cotés font face au déclin de leur valeur, malgré des performances respectables, au grand dam et à la colère grandissante des actionnaires", constate M. Othmani qui propose plusieurs issues pour le cas d'Africinvest. Il évoque, entre autres, une prise de participation du Fonds national d'investissement (FNI) ou bien d'autres institutions telles que les compagnies d'assurances publiques dont c'est la vocation. Une autre solution serait de permettre à des bailleurs de fonds internationaux d'acquérir des titres à la Bourse d'Alger dans les limites imposées par la loi 49/51. Cette dernière décision, qui ne nécessite a priori aucun amendement aux lois de finances, interviendrait comme un signal fort à l'attention de la communauté internationale et pourrait représenter un véritable catalyseur d'investissements étrangers en Algérie, ainsi qu'une incitation aux entreprises algériennes d'envisager leur mise en Bourse. Slim Othmani s'engage à identifier, pour NCA-Rouiba, "des investisseurs stratégiques potentiels qui, outre le fait d'apporter une solution à la sortie d'Africinvest, pourraient nous ouvrir des marchés à l'international". Les efforts qu'il a entrepris auprès des grands groupes algériens se sont tous soldés par un échec lié essentiellement à la perception négative qu'ils ont de la Bourse d'Alger et à la rupture du pacte de confiance du fait de l'intervention intempestive et démesurée du ministère de l'Industrie. Meziane Rabhi