Alors qu'Abdelaziz Bouteflika n'a toujours pas fait acte de candidature, ses partisans se lancent déjà, à l'unisson, dans la bataille. L'actuel chef du FLN a, d'ailleurs, esquissé les contours de ce que sera la campagne électorale. Le parti du Front de libération nationale bat le rappel de ses troupes. Le parti du pouvoir a annoncé la constitution d'une "instance" pour préparer la participation à l'élection présidentielle. Moad Bouchareb, qui a fait cette annonce lors d'une rencontre hier à Alger, a informé, dans la foulée, de la tenue d'un grand meeting, le 9 février à Alger, pour lancer officiellement la campagne électorale visant à "réélire" Abdelaziz Bouteflika, malgré une santé chancelante. Présidant une réunion des parlementaires du FLN, issus des deux chambres, le coordinateur de l'instance de gestion des affaires du FLN a donné le coup d'envoi de la campagne électorale. S'il a refusé de citer le nom d'Abdelaziz Bouteflika (à qui il veut visiblement réserver la primeur de l'annonce), Moad Bouchareb a appelé, une nouvelle fois, les parlementaires et autres cadres de son parti à se mettre derrière "le candidat du parti" dont "vous avez le nom". Pour être plus explicite, le président de l'APN a rappelé l'œuvre "de son excellence Abdelaziz Bouteflika". Le discours est rodé. Mais jamais le responsable du FLN n'a été aussi explicite et, surtout, précis sur les échéances. Alors qu'Abdelaziz Bouteflika n'a toujours pas fait acte de candidature, ses partisans se lancent déjà, à l'unisson, dans la bataille. L'actuel chef du FLN a, d'ailleurs, esquissé les contours de ce que sera la campagne électorale. L'agenda est concocté. Samedi, les quatre partis de la "majorité présidentielle" se rencontreront au siège du FLN pour "coordonner" la campagne électorale. Ahmed Ouyahia, Amara Benyounès, Amar Ghoul et Moad Bouchareb vont donc acter le début de cette campagne inédite. Avant cela, les autres partis, à savoir le RND, le MPA et TAJ auront déjà lancé leur fameux appel à une nouvelle candidature du chef de l'Etat. D'ailleurs, Ahmed Ouyahia animera dans la matinée de samedi une conférence de presse qui sanctionnera les travaux du conseil national de son parti. De son côté, Amara Benyounès, dont le parti est jusque-là réservé sur la question du 5e mandat, tiendra un conseil national qui confirmera son adhésion au projet. Sur le plan partisan, la campagne du FLN a déjà commencé. Dans la foulée du report du congrès, la direction du parti a annoncé la mise en place d'une commission de préparation de la campagne électorale. Moad Bouchareb a indiqué que cette instance sera composée de quatre groupes chargés de propagande et d'information, de logistique, de préparation des meetings et de "collecte des signatures". Tout en assurant les journalistes que le travail de collecte des signatures n'a pas encore commencé, le coordinateur de l'instance dirigeante du FLN a demandé aux cadres de son parti de mobiliser, outre des élus, "les signatures du peuple". "Nous avons suffisamment d'élus. Mais notre candidat a besoin des signatures des membres du peuple algérien", a indiqué Bouchareb. Vers "l'assainissement des rangs du FLN" En attendant, le FLN organisera, le 9 février, un grand meeting à Alger. Cette rencontre verra la participation de "tous les enfants du FLN". "Tous les militants et cadres du FLN seront les bienvenus. Même les anciens secrétaires généraux sont les bienvenus", a martelé Bouchareb, qui a précisé que toutes les organisations satellitaires du FLN, à savoir celles des jeunes, des femmes et des étudiants, seront de la partie. Ce rendez-vous sera l'occasion "de lancer officiellement la campagne électorale", a-t-il ajouté. "Nous sommes tenus de défendre ce programme (de Bouteflika, ndlr) devenu une référence dans l'édification de l'Etat national", a encore ajouté le responsable qui a rappelé, comme d'habitude, les "grandes réalisations" du chef de l'Etat qui a "trouvé un pays plongé dans le chaos" lors de son arrivée au pouvoir en 1999. Avant d'aborder la préparation effective de l'échéance présidentielle, Bouchareb s'en est pris à "ceux qui doutaient", allusion aux partis politiques qui ont évoqué, à un moment, le report de l'élection présidentielle. "Certains avaient avancé que l'élection sera reportée, que le pays était en crise et que nous allions vers une période de transition. Mais la convocation du corps électoral, le 18 janvier dernier, a mis fin à toutes ces rumeurs", a fulminé le président de l'APN qui rappelle que depuis son arrivée au pouvoir en 1999, le chef de l'Etat a toujours tenu à ce que "les rendez-vous électoraux soient respectés". Cette "mise au point" n'a pas empêché Moad Bouchareb de rappeler que sa formation respectait "tous les partis". "Il n'est pas dans notre éducation d'insulter les gens", a-t-il indiqué, tout en rappelant que les sénateurs de son parti ont gagné leurs sièges dans "la légalité". Un clin d'œil au frère ennemi du RND qui a crié à la fraude lors du renouvellement partiel des membres du Conseil de la nation. Les préparatifs de l'élection présidentielle contraignent donc le FLN à mettre de côté la gestion de ses affaires organiques. Le congrès réunificateur a été reporté à l'après-scrutin. Mais l'homme, qui se voulait rassembleur dès son arrivée à la tête du FLN, change de discours. Il menace d'"assainir" les rangs de son parti. "Ceux qui viennent au parti pour faire des efforts et se sacrifier sont les bienvenus. Mais ceux qui viennent pour se sucrer ne sont pas des nôtres", a indiqué M. Bouchareb qui promet de "lever tous les soupçons" pesant sur son parti, lequel sera "remis sur la ligne d'origine". Ce discours a, d'ailleurs, commencé par une mise en garde adressée aux députés. "Cessez cet absentéisme systématique !", a-t-il lancé à leur adresse, les accusant de trop sécher les séances plénières de l'APN et du Sénat. "Vous devez vous occuper des préoccupations des citoyens", leur a-t-il encore lancé. Ali Boukhlef