La campagne pour le cinquième mandat de Abdelaziz Bouteflika s'ébranle. Et pour cause : le parti présidentiel, le Front de libération nationale, annonce la couleur et passe à la phase opérationnelle de la campagne électorale pour la présidentielle du 18 avril prochain en mettant en place une instance chargée de préparer cette présidentielle et de mener la campagne du candidat du parti, Abdelaziz Bouteflika. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - L'annonce a été faite officiellement, hier mardi, par le coordinateur du parti et président de l'Assemblée populaire nationale, Moad Bouchareb, à l'occasion de la rencontre qu'il a présidée au siège du FLN à Hydra, avec ses groupes parlementaires au Sénat et à l'APN. «D'aucuns ont longuement spéculé sur cette élection présidentielle et chacun y allait avec ses propres scénarios. Et vous les connaissez tous. Certains parlaient d'annulation des élections, d'autres de transition ou de vide constitutionnel, etc. Mais voilà que le Président convoque le corps électoral. Cette décision du Président prouve, au besoin, qu'il a toujours tenu à ce que les élections aient lieu dans leurs délais». Bouchareb, qui avait été nommé officiellement à la tête d'une instance dirigeante du FLN, fin novembre 2018, par Abdelaziz Bouteflika, avait pourtant, pour rappel, opté, depuis, pour le discours «prudent» de «continuité», et évitait, pendant longtemps, de parler ouvertement du cinquième mandat et même de la présidentielle. Depuis ce mardi, la nouvelle feuille de route que la présidence a fixée pour le parti de Bouteflika est désormais très claire. Bouchareb le dira à sa manière : «Nous avons décidé de reporter la tenue du congrès du parti pour après l'élection présidentielle. Pour quelle raison ? Eh bien, pour que nous soyons tous comme un seul homme, mobilisés derrière le candidat du FLN. Et notre candidat, vous le connaissez tous. Bien sûr, il n'est pas dans cette salle.» En raison de la situation actuelle du FLN, dont la présidence a gelé toutes les structures, centrales et locales, le pouvoir a donc prévu une solution d'urgence : une superstructure qui sera chargée d'affronter l'échéance présidentielle. L'actuel président de l'APN dira à ce propos : «J'annonce officiellement la mise en place d'une instance interne au parti qui sera chargée de préparer la présidentielle et la campagne électorale. Elle sera composée des ministres du parti, ceux en exercice ainsi que les anciens d'entre eux, de l'ensemble des cadres du parti au niveau des institutions et, enfin, de l'ensemble de ses parlementaires.» Bouchareb précisera que cette instance sera composée de plusieurs commissions, à savoir : une commission communication, une commission chargée de la collecte des signatures pour Bouteflika, une commission chargée de la préparation des meetings ainsi qu'une commission logistique. Pour donner le coup de starter officiel au lancement de la campagne électorale en faveur du candidat Abdelaziz Bouteflika, Moad Bouchareb annonce l'organisation d'un grand meeting, le 9 février prochain à Alger, en présence de l'ensemble des organisations nationales proches ou inféodées au FLN, en plus, a-t-il tenu à préciser, «cette rencontre est ouverte à l'ensemble, je dis bien l'ensemble des militants et cadres du parti. A tous les anciens secrétaires généraux du parti et à toutes les sensibilités». Un appel destiné, bien sûr, à Abdelaziz Belkhadem, mais, surtout, à Ammar Saâdani, le seul ex-SG du FLN avec lequel Bouchareb partage un vieux litige, Saâdani ayant d'ailleurs refusé de répondre à son invitation fin de l'année écoulée. A l'évidence, la présidence a donné son feu vert pour le lancement officiel et à grande échelle de la campagne électorale pour Abdelaziz Bouteflika comme en atteste, outre cette implication du FLN, la dense activité des partis de la coalition prévue ce week-end. Ainsi de la tenue, à partir de demain jeudi, du conseil national du RND du Premier ministre Ahmed Ouyahia, lequel s'exprimera d'ailleurs lors d'une conférence prévue samedi, puis l'autre conseil national très attendu du MPA de Amara Benyounès et, enfin, une rencontre au sommet des quatre chefs de partis de la coalition présidentielle que Bouchareb annonce officiellement pour samedi prochain au siège du FLN. C'est dire que le pouvoir sort la grosse artillerie et submergera la scène politique et médiatique à partir de la semaine prochaine, en prévision de la grande annonce, celle du principal concerné. K. A.