"Plus de 5 300 femmes, hommes et enfants ont péri en Méditerranée en deux ans", soulignent les ONG, qui reprochent aux gouvernements européens l'accord signé en 2017 entre l'Italie et la Libye pour endiguer les flux migratoires d'Afrique du Nord vers l'Italie. Dans une lettre ouverte rédigée jeudi 31 janvier, er relayée par Franceinfo, Oxfam et 53 autres ONG accusent les gouvernements de l'Union européenne de "complicité dans la tragédie des migrants qui empruntent la route maritime entre l'Italie et la Libye". Les signataires de ce document estiment que "les gouvernements de l'UE […] nient les droits fondamentaux de personnes en exil en aggravant le danger qu'elles rencontrent déjà en mer, en les renvoyant en Libye". Les ONG décrivent la situation des migrants détenus en Libye, en relayant leurs témoignages. Jon Cerezo, responsable de campagne humanitaire à Oxfam France affirme que "beaucoup sont maltraités avant d'être vendus à des groupes armés ou en tant qu'esclaves". Pour endiguer ce processus, les organisations humanitaires appellent les gouvernements de l'UE à "arrêter de renvoyer les personnes secourues en mer en Libye", et leur demandent de "soutenir les opérations de recherche et de sauvetage, tout en veillant à ce que les personnes sauvées en mer puissent arriver en toute sécurité et sans retard en Europe". Concrètement, cet accord permettait à Rome et à l'UE de soutenir les garde-côtes libyens, et ces derniers, en contrepartie, devaient empêcher les personnes quittant les côtes de se rendre en Europe. Rappelons qu'en 2017, l'Italie et la Libye signaient, avec l'appui de l'UE, un accord pour parvenir à endiguer les flux migratoires d'Afrique du Nord vers l'Italie, Rome et l'UE se chargeant de soutenir les garde-côtes libyens, la Libye d'empêcher les personnes quittant ses côtes de se rendre en Europe. Or "en deux ans, plus de 5 300 femmes, hommes et enfants ont péri en Méditerranée", s'émeuvent les organisations humanitaires dans une lettre ouverte. Le principal visé par ce communiqué, le ministre italien de l'intérieur, Matteo Salvini avait voulu, mercredi 30 janvier, interdire les eaux italiennes aux ONG d'aide aux migrants. "Nous sommes en train de travailler à une mesure qui limite la possibilité d'entrer dans les eaux territoriales italiennes, en intervenant en amont", avait-il évoqué dans ses propos, tout en expliquant qu'il ne s'agirait pas d'un "blocus naval". Le patron de la Ligue du Nord pourrait s'appuyer sur l'article 83 du Code italien de la navigation, qui stipule que "le ministère des Transports et de la navigation peut limiter ou interdire, pour des motifs d'ordre public, le transit et l'arrêt des navires marchands dans les eaux territoriales, déterminant les zones où cette interdiction s'étend". Ceci étant, les garde-côtes italiens ont annoncé hier avoir bloqué dans le port de Catane, en Sicile, le navire Sea-Watch 3, arrivé la veille avec 47 migrants à bord, pour une série de "non conformités" dans divers domaines.