Les islamistes radicaux cités par la presse anglaise comme étant “recherchés”, après les attentats de Londres, font partie des “suspects habituels” par lesquels une enquête policière se doit de commencer, rien de plus, soulignent dimanche des spécialistes du terrorisme. Jeudi, quelques heures après les attaques dans le métro et un bus, le nom du Britannique d'origine marocaine, Mohammed al-Guerbouzi, condamné par contumace au Maroc à 20 ans de prison, commence à circuler. Le lendemain, sa photo fait une page d'un tabloïd. Dimanche, c'est celle du Syrien naturalisé espagnol, Mustapha Setmariam Nasar, dit Abu Musab al-Souri, soupçonné d'avoir formé la première cellule d'Al-Qaïda en Espagne avant de s'installer à Londres. Si les journaux anglais font leurs gros titres sur ces deux figures archi-connues de la mouvance islamiste radicale, les observateurs avertis ne cachent pas leur scepticisme. “Après des attentats comme ceux de jeudi, la procédure de routine, c'est : Arrêtez-moi les suspects habituels”, commente un expert antiterroriste français, qui demande à rester anonyme. “On donne un coup de pied dans la fourmilière et on voit ce que ça donne. Dans ce cadre, normal que les noms de Guerbouzi ou d'al-Souri remontent. Ca ne veut pas dire grand-chose.” Mohammed al-Guerbouzi aurait, selon la presse britannique, fait l'objet d'une demande d'information envoyée aux polices européennes. “Ce que je peux vous dire, c'est que des demandes de ce type, Paris en a reçu des dizaines”, assure le même expert français. Quant à Setmariam, s'il a vécu dans la banlieue de Londres, c'est entre 1995 et 1998, avant de partir pour le Pakistan. L'Américain Marc Sageman, agent traitant de la CIA à Peshawar de 1986 à 1989, psychiatre et auteur de la première étude sociologique et psychologique des acteurs du djihad, se déclare “très sceptique”. “Il s'est passé la même chose à Madrid après les attentats, des tas de noms sont sortis. Ce sont des spéculations (...). Pour Guerbouzi, je pense que l'histoire vient des services marocains, qui veulent depuis longtemps qu'il soit arrêté.” Dominique Thomas, chercheur français spécialisé dans la mouvance djihadiste et auteur du livre Le Londonistan, la voix du djihad, estime lui aussi que “tout cela n'est pas très sérieux”. “Guerbouzi ne s'est jamais caché. Quand à al-Souri, c'est surtout un cyber-terroriste, actif sur internet depuis 2003, après l'Afghanistan. Il n'a pas mis les pieds à Londres depuis sept ans !”, dit-il.