Larges couvertures médiatiques, traitement privilégié au journal télévisé de 20 heures et ouvertures des journaux parlés radiophoniques : l'annonce officielle de la candidature d'Abdelaziz Bouteflika a été couverte par les médias publics comme une activité présidentielle ordinaire. En effet, la déclaration de candidature d'Abdelaziz Bouteflika a fait les choux gras d'une partie de la presse nationale. La chose peut paraître normale, voire compréhensible, s'agissant d'une déclaration de candidature d'un chef de l'Etat. L'annonce fait donc l'événement, d'autant que le candidat est malade. Mais les médias gouvernementaux lui ont réservé un traitement qui trahit un parti pris flagrant. Notamment les médias audiovisuels. L'information a non seulement été amplifiée et présentée comme une activité présidentielle, mais elle a aussi été suivie de la couverture des activités ministérielles et d'autres responsables de l'Etat qui ont fait la promotion des "réalisations" du chef de l'Etat. C'est une campagne électorale qui ne dit pas son nom. Les journaux publics n'étaient pas en reste. En témoigne cette une du journal El Moudjahid consacrée entièrement à cette actualité, au détriment de tout le reste. Pourtant, contrairement aux médias privés, la télévision et les médias publics, qui sont de fait des médias gouvernementaux, sont financés par l'argent du contribuable. Ce qui devait les astreindre, en principe, à la neutralité et à l'équité dans le traitement des candidats. Or, jusque-là, aucun autre candidat ou personnalité politique n'avait bénéficié d'une pareille couverture. La sortie publique d'Ali Ghediri, au Forum de Liberté, a beau attirer tous les médias, elle ne sera que très peu reprise par les médias publics, sinon pas du tout. Même l'agence officielle, APS, qui avait annoncé l'événement, n'a donné aucune dépêche traitant de la conférence. Le même sort est réservé à d'autres hommes et femmes politiques. Les multiples sorties publiques d'Ali Benflis, du président du RCD, Mohcine Belabbas, ou encore des animateurs de Mouwatana ont, à chaque fois, été ignorées. Lorsqu'ils daignent leur consentir un temps d'antenne, c'est pour les montrer sous un jour défavorable. Dans le journal télévisé de dimanche soir, les Algériens ont pu apercevoir Abderrezak Makri, le président et candidat du MSP, à l'élection présidentielle. Mais les images ont montré sciemment des parties de la salle où l'assistance était clairsemée, voulant ainsi donner l'image d'un homme qui ne parvient pas à mobiliser. La manière dont les médias publics ont couvert l'annonce de la candidature de Bouteflika donne un avant-goût de ce que sera la couverture de la campagne électorale par ces mêmes médias. Impuissante, l'Arav ne fera que constater l'engagement de ces médias en faveur du candidat Bouteflika. Ali Boukhlef