Le deuxième vendredi des manifestations populaires anti-5e mandat et pour le changement a drainé, hier, quasiment l'ensemble des acteurs de l'opposition entre chefs de parti et personnalités politiques, élus, représentants de la société civile et acteurs économiques. Parmi les plus en vue figuraient Saïd Sadi, ancien président et membre fondateur du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), l'actuel président du même parti, Mohcine Belabbas, Louisa Hanoune, présidente du Parti des travailleurs, Abderrezak Makri, président du Mouvement de la société pour la paix, Ali Benflis, président de Talaie El-Houriat, la moudjahida Djamila Bouhired, l'avocat et soutien du candidat Ali Ghediri, Mokrane Aït Larbi, les membres emblématiques du mouvement Mouwatana, Zoubida Assoul et Soufiane Djilali, ou encore le président de Cevital Issad Rabrab. Mêlés à l'immense foule de citoyens ayant sillonné les grands boulevards de la capitale, ces derniers ont retrouvé, l'intervalle de cette grandiose marche, leur statut de simples citoyens. Ils ont battu le pavé pour apporter leur soutien au peuple engagé à "libérer" le pays du système bouteflikien qui l'a pris en otage 20 ans durant. "Libérez le pays !", a crié M. Rebrab au milieu de la foule à laquelle il s'est invité en "guest-star". Le patron de Cevital a fait, sans coup férir, un aller-retour de la place du 1er-Mai d'où s'est ébranlée la grande marche, vers 14h, jusqu'aux environs de l'hôtel Essafir (ex-Aletti), en longeant les longs boulevards Hassiba-Ben Bouali et Amirouche. Son passage a été marqué par plusieurs haltes-selfie et autres accolades avec les citoyens de tous bords, visiblement heureux de le rencontrer, pour la majorité, pour la première fois. Aux représentants des médias l'ayant vite repéré, il a souvent rétorqué qu'il est là au même titre que le reste des citoyens et qu'il ne donnerait donc pas d'interview. "Aujourd'hui, je suis là pour manifester avec vous en tant que citoyen", telle est la réponse qu'il a répétée aux journalistes. Pour lui, ce jour représente "une deuxième indépendance du pays" qu'il voudrait plutôt célébrer avec le peuple. Les autres personnalités incarnant l'opposition n'ont pas dérogé à cette règle. Le message des citoyens était tellement expressif qu'il est, certainement, inutile d'en dire plus, eux, qui n'ont pas cessé de réclamer la restitution de la parole au peuple. Il faut dire que rarement une manifestation populaire a fédéré autant de forces politiques et de personnalités. Le ras-le-bol des Algériens, politiciens, personnalités et forces vives de la nation confondues, du régime en place et sa clientèle, est tel que les divergences semblent plus que jamais mises de côté. La fin du système incarné depuis 1999 par le président Bouteflika, et c'est le moins que l'on puisse dire, est désormais annoncée… Farid Abdeladim