Les villes de Béjaïa, d'Akbou, d'Aokas, de Tichy et d'Amizour ont été, hier, le théâtre d'imposantes marches pacifiques organisées dans le sillage de la vague de contestation du régime. La rue ne décolère pas en Kabylie, à l'instar des autres régions du pays, où de grandioses manifestations contre le 5e mandat pour Bouteflika et pour le départ du système, rythment ces jours-ci le quotidien des citoyens qui expriment pacifiquement leur rejet de la reconduction du Président sortant. Ainsi, les villes de Béjaïa, d'Akbou, d'Aokas, de Tichy et d'Amizour ont été, hier, le théâtre d'imposantes marches pacifiques organisées dans le sillage de la vague de contestation du régime de Bouteflika qui ne cesse de se généraliser et d'ébranler le pouvoir politique d'Alger. Au chef-lieu de wilaya, ce sont les avocats du barreau de Béjaïa qui ont réussi, hier matin, une véritable démonstration de force à travers laquelle la corporation a fait corps avec le peuple algérien qui a retrouvé sa dignité. Effectivement, ils étaient plusieurs centaines d'avocats — en robe noire et quasiment à parité égale avec la gent féminine — à manifester, dans la matinée d'hier, dans les rues de Béjaïa. Le point de départ de cette manifestation : le palais de justice, sis à la cité Tobbal. Après avoir formé différents carrés, les robes noires protestataires ont brandi des banderoles et des drapeaux algériens tout au long de leur itinéraire. "Pour un Etat de droit", "Les avocats sont avec le peuple", "Pour un changement radical du système", "Pour une Algérie plurielle et démocratique" et "Pour une deuxième République'..., sont autant de slogans mis en avant par les manifestants. À Akbou, chef-lieu de daïra, située à 70 kilomètres à l'ouest de Béjaïa, des milliers de manifestants ont pris part, hier matin, à la marche pacifique initiée par le Comité des citoyens de la Soummam (CCS), un mouvement citoyen créé au lendemain de la formidable mobilisation populaire du 22 février dernier, par un groupe de militants politiques et associatifs, dont d'anciens délégués des Archs de Kabylie. Le coup d'envoi de la manifestation a été donné vers 10h30, au niveau de la trémie de Guendouza, un quartier populaire sis en contrebas de la capitale de la Soummam. Au premier carré de la marche, des jeunes, arborant l'emblème national et le drapeau berbère, scandaient haut et fort des slogans hostiles au régime politique algérien, tels que "Pouvoir assassin", "Bouteflika, le Marocain, pas de 5e mandat", "Système FLN dégage !", "Y en a marre de ce pouvoir", "Ulac smah ulac"... Arrivés au point de chute de la marche, les manifestants s'entassent devant l'esplanade de la mairie d'Akbou, reprenant en chœur les slogans que scandaient à l'aide d'un mégaphone certains acteurs de la société civile de la région. Parmi les intervenants, Zahir Benkhellat et Sofiane Adjlane, deux anciens délégués du mouvement des Archs de Kabylie, ont appelé la population locale à "rester mobilisée et vigilante", tout en maintenant la pression sur le pouvoir en place jusqu'au "départ de tous les hommes du système qui ont mis le pays à genoux". Les orateurs ont tenu à rendre hommage, à cette occasion, aux martyrs du Printemps noir de Kabylie "tombés sous les balles assassines d'un pouvoir criminel qui devrait répondre de ses actes devant le Tribunal pénal international (TPI)". Par ailleurs, les citoyens des deux stations balnéaires de Tichy et d'Aokas, ont réédité, hier, l'exploit du samedi 23 février dernier en mobilisant des centaines de manifestants dans la rue. À Bacaro, un quartier périphérique de Tichy, la marche s'est ébranlée vers 9h30, en direction du centre-ville pour observer un rassemblement dans l'enceinte commune des sièges de l'APC et de la daïra. Soit un itinéraire de près de 5 km parcouru par les marcheurs. Sous les cris de "Pouvoir assassin", "Ya Bouteflika, le Marocain, pas de 5e mandat", "FLN berra", "Système dégage !", les manifestants ont battu le pavé pacifiquement sans le moindre incident. En tête de la manifestation, un camion sur lequel il y avait des animateurs scandant des slogans hostiles au pouvoir et repris en chœur par les manifestants. "Y en a marre de ce pouvoir", "Pouvoir assassin", "Ulac smah ulac" et "Non à l'ingérence de la France", sont autant de slogans scandés par les marcheurs. Durant tout l'itinéraire de la marche, la circulation automobile était bloquée dans les deux sens. K. O./M. O./L. O.