Des centaines d'étudiants de l'université Abderrahmane-Mira de Béjaïa sont descendus, hier matin, dans la rue pour crier haut et fort “Ulac l'vot ulac” (pas de vote), en guise de démenti aux informations rapportées par certains médias, selon lesquelles “la communauté estudiantine de la wilaya de Béjaïa est favorable à l'élection du 9 avril 2009”. Il était environ 10 heures, lorsque les premiers carrés de la marche commençaient déjà à prendre forme dans l'enceinte du campus Targa-Ouzemmour. Quelques minutes plus tard, le coup d'envoi de la manifestation sera donné par les organisateurs. La procession s'ébranlera sous des youyous stridents, suivis d'un tonnerre d'applaudissements. L'effet boule de neige aidant, elle ira en grossissant au fur et à mesure. Brandissant des cartons rouges et des fanions noirs, en signe de deuil, les manifestants scandaient, tout au long de leur itinéraire, des slogans antivote et hostiles au pouvoir tels que “Ulac l'vote ulac”, “Pouvoir assassin”, “Ulac smah ulac”, “Imazighen”… Après avoir parcouru la route du stade et le boulevard de la Révolution, en passant par le carrefour d'Aâmriw, la foule se dirigera vers le carrefour de Nacéria pour marquer une halte en face du siège central de la permanence électorale du candidat Abdelaziz Bouteflika. La tension monte d'un cran entre ces jeunes manifestants en furie et les personnes se trouvant à l'intérieur ou aux abords de cette permanence électorale. “Chiatine, tamaaine, elkhoubatha…” (flatteurs du pouvoir, opportunistes, traîtres…), criaient à tue-tête les marcheurs à l'adresse des partisans de Bouteflika, en leur exhibant des billets de banque. La présence des policiers sur les lieux a permis d'éviter tout débordement, puisqu'aucun incident notable n'est à signaler. Ensuite, les manifestants prendront la destination du siège de la wilaya, situé à quelques encablures, où ils observeront un rassemblement devant l'entrée principale de l'institution. Les quelques intervenants, ayant pris la parole devant la foule, ont tenu à réaffirmer leur rejet du scrutin du 9 avril prochain, en appelant l'ensemble des étudiants à boycotter ce rendez-vous électoral qu'ils qualifient de “mascarade”.