Ces contestataires lui reprochent d'utiliser l'Ugta comme "un instrument de propagande au service du pouvoir et des affairistes corrompus". La maison Abdelhak-Benhamouda (ex-Maison du peuple), siège national de l'Union générale des travailleurs algériens (Ugta), a abrité, hier, deux rassemblements aux objectifs diamétralement opposés. L'un, organisé à l'extérieur par les opposants au secrétaire général de la Centrale syndicale, Abdelmadjid Sidi-Saïd, et l'autre, dans la cour de la bâtisse, par ses soutiens. Ces derniers représentent essentiellement les unions locales de la wilaya d'Alger alors que le mouvement des frondeurs est mené par des dizaines de militants de base et d'anciens cadres du syndicat. Empêchés de rentrer au siège, au prétexte qu'ils n'occupent aucun poste dans les instances de l'UGTA, les anti-Sidi-Saïd se sont contentés d'un sit-in à même le trottoir jouxtant la Maison du peuple. Ils ont scandé des slogans hostiles à son égard allant jusqu'à le traiter de "traître". Sa position franchement prise pour le 5e mandat pour le président Bouteflika étant la goutte d'eau qui a fait déborder le vase, les frondeurs lui reprochent d'utiliser l'UGTA comme "un instrument de propagande au service du pouvoir et des affairistes corrompus". "Non au 5e mandat", ont-ils crié pour se démarquer du patron de la Centrale syndicale, non sans l'appeler à restituer l'UGTA aux travailleurs. "L'enregistrement de l'échange entre Sellal et Haddad est la preuve palpable qu'il (Sidi-Saïd, ndlr) est impliqué dans des affaires de corruption", a dénoncé Mounir Betraoui, ancien responsable de la Fédération des corps assimilés de la santé publique pour qui cela suffirait, en principe, pour que Sidi-Saïd quitte l'UGTA. Ayant pris connaissance de la tenue de cette action, suite à l'appel lancé la veille par ses opposants sur les réseaux sociaux, Sidi-Saïd a tenté d'organiser la riposte en s'offrant un rassemblement de soutien. Manière pour lui de montrer qu'il ne serait pas contesté au sein de l'UGTA. Pour ses soutiens, à leur tête le secrétaire de l'Union de la wilaya d'Alger, Amar Takdjout, les contestataires seraient étrangers à l'UGTA et ils viseraient à déstabiliser le syndicat. Pour lui, la montée au créneau de certains anciens cadres de l'UGTA serait liée au fait qu'ils ont perdu leurs postes et les "privilèges" qui vont avec. La démonstration devait s'achever par la lecture de la "Fatiha" et un panégyrique de Bouteflika commis par le secrétaire national chargé des affaires générales de l'Ugta, Ahmed Guettiche. "Bouteflika est notre Président. C'est un choix que nous assumons. Et celui qui touchera à Sidi-Saïd, aura aussi affaire à moi", a-t-il dit, avec une bonne dose de zèle.