Mobilisation et contre-mobilisation ! Les luttes pour le contrôle de l'UGTA s'exacerbent. En effet, le conflit opposant le secrétaire général de l'organisation, Abdelmadjid Sidi Saïd, aux anciens cadres de l'UGTA, à leur tête Tayeb Hmarnia, prend une nouvelle tournure. Désormais, les deux parties impliquent directement la base syndicale pour s'affirmer. Chacun des adversaires mobilise ses «troupes» pour contrecarrer l'autre. C'était le cas hier matin. Le siège national de la centrale syndicale a connu, effectivement, une matinée mouvementée. Et les citoyens, de passage devant le Palais du peuple, ont été intrigués par l'impressionnante présence policière tout le long de la rue adjacente de l'imposant immeuble abritant la direction de l'UGTA. Que s'y passait-il ? Tout a commencé par un appel lancé, il y a quelques jours, par le Syndicat des paramédicaux à un rassemblement devant le siège de l'UGTA pour réclamer le départ de Sidi Saïd et son secrétariat, accusés «d'avoir dévié l'organisation de ses objectifs». Répondant à cet appel, des dizaines de syndicalistes et d'anciens cadres de l'UGTA, dont l'ex-secrétaire général d'El Hadjar (Annaba), Aïssa Menadi, ont fait le déplacement. Mais leurs tentatives pour accéder au siège de la centrale syndicale ont été vaines. Le lieu était déjà occupé par des syndicalistes pro-Sidi Saïd. En «gilets jaunes», plusieurs centaines de syndicalistes de Naftal, SNTF, Seaal… se sont rassemblés sur l'esplanade du Palais du peuple. Et la manifestation s'est transformée en un meeting de soutien à Sidi Saïd. C'est Ahmed Guetiche, secrétaire national chargé des relations générales à l'UGTA qui a pris, en premier, la parole pour défendre le secrétaire général et accuser ses adversaires d'être des «fauteurs de troubles» à des fins «mesquines». Ce dernier a convoqué, à cet effet, le soutien au président Bouteflika et à la stabilité pour haranguer la foule. «Des chauves-souris qui se cachent derrière les travailleurs» Après avoir préparé le terrain, Ahmed Guetiche cède le micro à Abdelmadjid Sidi Saïd, venu donner l'estocade à ses adversaires qu'il qualifie de tous les noms. «Nous, nous sommes là pour défendre les intérêts des travailleurs. Par contre, ces chauves-souris qui se cachent derrière les travailleurs veulent défendre leurs propres intérêts», lance-t-il, en les traitant aussi «d'hypocrites» et de «traîtres». «Le militantisme n'est pas la chefferie. C'est d'être à l'écoute des travailleurs sur le terrain et de chercher à améliorer leur situation», ajoute-t-il. Saluant «l'écho favorable du chef de l'Etat aux doléances des travailleurs» et «rappelant son opposition à la privatisation de Naftal», le patron de l'UGTA estime que le plus important pour lui est le «couffin des travailleurs». «Mais ces gens (ses adversaires, ndlr) veulent nous ramener à l'époque du sang et des larmes. Cela ne mène à rien. Je leur dis alors : restez chez-vous !» ajoute-t-il. Selon des cadres de la centrale syndicale, Tayeb Hmarnia, ancien secrétaire national chargé de l'organique démissionnaire, «a fait appel aux membres du Syndicat autonome des paramédicaux (SAP) pour déstabiliser l'organisation». «Faux !», rétorque Tayeb Hmarnia, contacté par nos soins. «Je ne défends aucun intérêt personnel. Les syndicalistes venus aujourd'hui (hier, ndlr) n'appartiennent pas au SAP. Ils sont affiliés à l'UGTA. Ils ont répondu à l'appel lancé, il y a quelques jours. Nous demandons le départ du secrétaire général et de sa direction, car ils ont dévié l'organisation de son objectif», explique-t-il, promettant de «renouveler cette action dans 15 jours».