Cette mobilisation séduit jusqu'au sein même du système et secoue bien des certitudes. Les répercussions sont visibles et elles se sont traduites par des démissions en cascade au sein de plusieurs de ces organisations. La contestation citoyenne de plus en plus forte et soutenue contre un 5e mandat pour Bouteflika et contre le système dans sa globalité commence déjà à susciter émoi et panique au sein des organisations du pouvoir. Cette mobilisation séduit jusqu'au sein même du système et secoue bien des certitudes. Les répercussions sont visibles et elles se sont traduites par des démissions en cascade au sein de plusieurs de ces organisations. La douzaine de membres du Forum des chefs d'entreprise (FCE) qui ont jeté l'éponge, la démission de l'ex-ministre de l'Agriculture Sid-Ahmed Ferroukhi de l'Assemblée et du FLN, celle de Me Sabah Lamari, membre du comité central du FLN, l'abandon de plusieurs militants de leur appartenance aux partis du pouvoir, le remous qui gagne la Centrale syndicale,… sont autant de signaux qui confirment, si besoin est, que la contestation citoyenne expose le pouvoir à de fortes tensions internes. Hier encore, ce sont les travailleurs des impôts, du Trésor public et du Cadastre de Biskra, tous affiliés à l'UGTA, qui ont annoncé leur démission. Cette annonce intervient après celle des travailleurs de l'Eniem de Tizi Ouzou qui se sont désolidarisés de leur tutelle syndicale, l'UGTA. Nouria Hafsi, secrétaire générale de l'Union nationale des femmes algériennes (UNFA), a essuyé, hier, un véritable camouflet des adhérentes à cette organisation, pour cause de son soutien à Bouteflika. Ces annonces de renoncement à soutenir le 5e mandat sont un signe précurseur d'une saignée inévitable au sein de ces organisations. Toutes ces démissions ont pour leitmotiv la dénonciation du 5e mandat et l'adhésion à la dynamique citoyenne. Au-delà de l'inconfortable situation des acteurs et des animateurs du pouvoir, c'est la clientèle qui commence à prendre la tangente pour rejoindre le camp de la contestation citoyenne et populaire. Depuis le début du soulèvement, aucun responsable n'a daigné affronter la colère citoyenne. Pourtant, la candidature par procuration du chef de l'Etat à sa propre succession pour un 5e mandat pouvait, tout au moins, redonner de la "vitalité" au sein des courtisans pour défendre leur choix. Rien de tout cela. Silence radio chez ceux qui, il y a moins d'un mois, tentaient, vaille que vaille, de vendre une option des plus décriées ; un 5e mandat pour un homme incapable de déposer même son dossier de candidature au Conseil constitutionnel. Le manque d'argumentaire politique pour défendre le choix du pouvoir était soulevé dès les premiers maniements entrepris par les décideurs de l'ombre pour imposer ce énième mandat. Mais c'est face à la colère de la rue que cette insuffisance et cette absence d'arguments se font sentir. D'où, l'effacement et les agissements dans la discrétion la plus totale des thuriféraires du 5e mandat. Aucun ministre n'a osé se déplacer pour "des visites d'inspection et de travail", aucun responsable politique du pouvoir n'a tenté de briser l'omerta imposée par la rue. Même la lettre contenant les engagements du candidat Bouteflika n'a pas eu l'effet escompté, y compris auprès de ses soutiens. Timides étaient les réactions du FLN, du RND et de TAJ à cette même missive, suggérée pourtant comme une réponse aux sommations de la rue, mais aussi dans le but de diminuer la tension. Un tsunami de contestation menace le système et ses organisations. Mohamed Mouloudj