Le football est souvent imprévisible et l'on sait, par-dessus tout, qu'un match de foot peut basculer sur une simple audace de coaching qui peut renverser le cours d'une chaude empoignade. Et pour preuve, lors du dernier match JSK-ESS, l'on ne donnait pas tellement cher des chances de la JSK, en première mi-temps, tant les visiteurs avaient réussi à quadriller admirablement la zone médiane et à contrarier sérieusement les desseins kabyles jusqu'à semer le doute et le désarroi au sein de l'arrière-garde locale. Il est vrai que la zone médiane de la JSK était orpheline, ce jour-là, de son tandem habituel Benkhalifa-Benyoucef qui aura laissé un vide très difficile à combler par la triplette Oukaci-Benchaïra-Kabari, et le coach français Frank Dumas fut amené à chambouler carrément son échiquier, dès la reprise de la seconde mi-temps, en incorporant à la fois le Burundais Abdul Fiston et le jeune "espoir" du club, Fayçal Iratni. Et ce fut assurément un coaching gagnant, puisque le premier nommé aura pesé énormément sur la défense sétifienne pour se permettre même le luxe d'inscrire le but de la victoire kabyle, alors que le second, lui, aura pesé de tout son talent naissant et surtout de sa fraîcheur juvénile pour contrer le dispositif tactique des Sétifiens et faire basculer ce duel impitoyable. Et dans un stade en folie, le jeune prodige de la JSK dut faire face, en fin de match, à une véritable nuée de journalistes qui n'avaient d'yeux que pour lui. "Je suis aux anges après cette précieuse victoire qui va nous remettre en confiance, et je suis heureux d'avoir contribué à ce succès, mais je dois garder la tête froide et travailler encore d'arrache-pied pour progresser, surtout que le coach n'hésite pas à faire confiance aux jeunes du club", dira Iratni en fin de match, comme pour confirmer qu'il est conscient de la tâche qui l'attend pour gravir d'autres échelons et confirmer son ascension fulgurante. Mais pour qui connaît l'histoire fabuleuse de la JS Kabylie, il faut bien se dire que le nom de la famille Iratni est étroitement lié au passé glorieux du prestigieux club du Djurdjura. Les anciens des années 50 se rappellent de l'épopée fantastique de l'ancien arrière central de charme, Boualem Iratni, ancien joueur et membre fondateur de la JSK en 1946, sans oublier son cousin Saïd Iratni, ailier gauche de renom que les anciens de Tizi Ouzou appelaient "la fumée noire", tant cet attaquant au teint basané filait comme l'éclair et crachait le feu en toute circonstance. Puis vint Kamel Iratni, le propre père de Fayçal, qui évolua à la JS Boukhalfa, dans la proche banlieue de Tizi Ouzou vers les années 70/80, puis ses deux oncles paternels Lounès Iratni, attaquant rapide et remuant à la JSK des années 80, ainsi que l'inoubliable Hocine Iratni, milieu de terrain et parfois défenseur de couloir gauche qui fit le bonheur de la JSK dans les années 80/90 mais aussi de l'USM Bel-Abbès, du MC Alger et de la JSM Tiaret. "Mon neveu Fayçal a effectué ses débuts sous ma coupe au sein de l'école de football du JFTO, et j'étais persuadé qu'il était destiné à une belle carrière, car il est doué techniquement, il est robuste et ne rechigne jamais au travail à l'entraînement", avoue justement son tonton Hocine Iratni, qui a tenu à nous faire rappeler que "même Smaïl Iratni, le frère aîné de Fayçal, a raté, lui aussi, une grande carrière à la JSK où il avait gravi toutes les catégories depuis les benjamins jusqu'en équipe fanion, avant de s'exiler en France". N'est-ce pas que la nouvelle trouvaille de Franck Dumas n'a fait que perpétuer la "dynastie des Iratni" qui, comme les frères Cherrak, les Kouffi, Terzi, Merrad, Haouchine, Zeghdoud, Belhadj, Abdeslam, Dob, Amaouche et les frères Hannachi et Bellahcène auront écrit, en lettres d'or, la légende du club kabyle.