"Le soulèvement citoyen contre un 5e mandat pour Bouteflika et pour le départ du système ne doit pas déboucher sur une nouvelle recomposition du pouvoir." C'est ce qu'a préconisé, hier, Soufiane Djilali, président de Jil Jadid, lors d'une conférence de presse animée à Alger. Le chef de Jil Jadid, dont les positions contre le clan présidentiel et le système ne souffrent aucune ambiguïté, a rappelé, à l'occasion, les positions et propositions antérieures de sa formation pour une sortie de crise sereine. Pour lui, les Algériens ont dit leur dernier mot. "Ces manifestations de rue, qui ont drainé des millions de citoyennes et de citoyens, sont un référendum pour dire non à un 5e mandat et non au système", a-t-il dit, estimant que les enseignements politiques à tirer de ces actions sont multiples. "Le pouvoir n'a plus aucune légitimité populaire sur laquelle s'appuyer à l'avenir", a-t-il souligné, ajoutant qu'il ne reste "pas beaucoup de temps pour déclarer la fin d'un système qui est actuellement à l'agonie". M. Djilali considère que le pouvoir est devant deux choix : répondre et comprendre ces messages envoyés par la rue ou pousser vers l'irréparable. "Cette situation est le résultat du 4e mandat", a-t-il dit, précisant que le coup de force de 2014 a produit "des institutions illégitimes". Pour une amorce de sortie de crise, le chef de Jil Jadid estime qu'aucun clan au pouvoir n'a le droit de récupérer la colère de la rue et s'en servir pour des besoins de positionnement. Sur ce, il estime que la classe politique et l'élite doivent participer aux débats, ce qui est, a-t-il dit, leur droit à la libre expression. Même si M. Djilali n'a pas hésité à égratigner "une certaine opposition", dans une allusion à peine voilée au chef du MSP, qu'il accuse de prendre une position et son contraire. Concernant les propositions de Jil Jadid, Soufiane Djilali estime que le chef de l'Etat est devant une responsabilité historique. Selon lui, Bouteflika doit reconnaître, "à travers une lettre", son inaptitude à gouverner et annuler l'élection d'avril 2019. "Une personnalité consensuelle ou un comité doit immédiatement engager des consultations avec la classe politique, les syndicats, la société civile et les personnalités nationales", préconise Jil Jadid, ajoutant qu'un "Forum national", dont les membres seront bénévoles, doit être également mis sur pied. Dans sa liste de propositions, Jil Jadid appelle aussi à la formation d'un gouvernement neutre, non partisan, dont la durée et la mission seront également négociées. Il préconise aussi la dissolution de l'APN, du Sénat et du Conseil constitutionnel par le président de la République. "Le Forum national désignera par consensus une personnalité ou un comité pour assurer les fonctions de chef de l'Etat, afin d'assurer la continuité de l'Etat." M. Djilali estime, également, que le chef de l'Etat ou l'instance présidentielle, ainsi que les membres du gouvernement s'engageront à ne pas se présenter à l'élection présidentielle. Concernant le chef de l'Etat actuel, Jil Jadid préconise son retrait dès la fin du mandat, le 26 avril prochain. "Une élection libre et transparente peut être organisée dans un délai de 12 mois et la feuille de route sera négociée entre le gouvernement et la classe politique", a-t-il encore déclaré tout en précisant qu'une commission indépendante de l'administration s'occupera de la refonte de la loi électorale, avec, en sus, une ouverture réelle des médias. Un processus constituant pour une loi fondamentale consensuelle couronné par un référendum est aussi prévu dans les propositions de Jil Jadid pour assurer une transition sans heurt.