L'armée doit régler le problème Bouteflika», tel est le point de vue de Soufiane Djilali, président de Jil Jadid, qui s'empresse de préciser qu'il ne demande pas à l'institution militaire de recourir à un coup d'Etat militaire, même s'il estime que le salut peut venir du Conseil national de sécurité, l'organe en charge des affaires de défense et de sécurité et dont font partie le chef d'état-major et vice-ministre de la Défense nationale, Gaïd Salah, et le patron du DRS, Bachir Tartag. «Les institutions habilitées doivent déclarer la vacance du pouvoir», a affirmé le président de Jil Jadid, pour qui l'institution militaire porte une part de responsabilité dans la situation actuelle, rappelant que c'est elle qui a «installé Bouteflika au pouvoir». En conséquence, il lui demande de «corriger son erreur». Et de demander une nouvelle fois un changement du système pour éviter la paralysie des institutions. «L'institution présidentielle est entre les mains de personnalités que nous ne connaissons pas, accuse Soufiane Djilali. Ils gèrent le pays à leur convenance.» Une position qui rejoint celle avancée par le groupe des 19 personnalités qui ont estimé que le Président était «sous tutelle». «Pour ne pas dire qu'il est séquestré, il est sous surveillance», avait suggéré Lakhdar Bouregaâ, membre du groupe des 19. «Tous ceux qui peuvent contribuer au changement du système sont les bienvenus», lance Soufiane Djilali en référence à la démarche du groupe de personnalités. Une position qui contraste avec celle exprimée par le président du RCD, Mohcine Belabbas, qui s'en est pris violemment à l'initiative des 19, la qualifiant de «manœuvre improvisée qui s'inscrit en tous points dans le cadre des soubresauts des luttes entre les clans d'un même système». Et d'estimer que les animateurs du groupe sont «des déchus pour certains, des parvenus pour d'autres». Une pique en direction de l'ex-ministre de la Culture, Khalida Toumi, proche du parti durant de nombreuses années avant de s'en éloigner pour rejoindre le clan présidentiel. Une attaque qui fait réagir le président de Jil Jadid ; sans jamais citer le président du RCD, il lui conseille de ne pas se laisser aveugler par de vieilles rancunes : «Il ne faut pas que des considérations personnelles entravent notre jugement.» D'ailleurs, il compte proposer, lors de la réunion de l'ICSO prévue le 2 décembre, de lancer une invitation à Lakhdar Bouregaâ, afin d'y voir plus clair. «On ne peut pas rejeter cette démarche sans au préalable en discuter avec eux», juge Soufiane Djilali. Il milite, par ailleurs, pour que les partis politiques refusent de participer aux futures élections tant que les conditions de transparence ne sont pas réunies : «On ne peut pas aller aux élections avec les textes législatifs actuels.» Soufiane Djilali reconnaît que cette question fait l'objet d'un âpre débat au sein de l'ICSO : «Un débat est en cours à l'intérieur de l'opposition pour définir une position commune, car certains partis hésitent à s'engager dans cette démarche.» C'est le cas du RCD qui, selon nos informations, refuse le projet et a décidé de participer aux prochaines sénatoriales.