Le binôme a vérifié à ses dépens toute la difficulté qu'il y a à justifier ce qui ne peut l'être, le coup d'Etat que tente le régime, notamment. Le verbe approximatif, l'air embarrassé et des réponses incomplètes, Noureddine Bedoui, secondé en la circonstance par Ramtane Lamamra, a totalement manqué son premier exercice médiatique en tant que Premier ministre. Jeudi, face aux nombreux journalistes présents à sa conférence de presse au Centre international des conférences, il a esquivé toutes les questions gênantes des journalistes. À commencer par le refus du pouvoir de répondre à la principale revendication de la rue, à savoir le départ d'Abdelaziz Bouteflika et de son régime. Bedoui s'est contenté de rappeler que "l'Algérie est au-dessus de toute ambition", sans évoquer à qui s'adressaient ses propos. En guise de réponse à la rue qui continue de gronder, Noureddine Bedoui, qui ne prenait que rarement des notes, s'est résumé à plaider les vertus du dialogue. "Le principe du dialogue et de la concertation entre les différentes parties est à même de nous permettre de dépasser cette conjoncture difficile", a-t-il indiqué, mettant en garde contre "les préjugés" concernant notamment son passé et celui de ses collègues de l'ancien gouvernement. "Ce n'est pas avec des préjugés que nous allons avancer", a-t-il indiqué. "Il faut faire preuve de sagesse", a-t-il encore insisté. Selon lui, "le président de la République a répondu à la revendication du peuple" en annulant les élections. Ce qui n'est pas juste, faut-il le noter. Cependant, Bedoui a refusé de se prononcer sur le départ d'Abdelaziz Bouteflika, malgré l'insistance des journalistes. Il s'est contenté de rassurer que la période de transition "ne durera pas plus d'une année". Invité à se prononcer sur la composition de son prochain gouvernement, Noureddine Bedoui a indiqué que l'équipe sera prête "d'ici à la fin de la semaine ou au début de la semaine prochaine". Il assurera, en revanche, que cette "équipe" sera composée de ministres "jeunes" et "technocrates" de sorte à "satisfaire la revendication des manifestants, notamment des jeunes". Puis, l'orateur affichera son souhait de voir l'opposition participer au gouvernement. "Nous lançons un appel au dialogue à tous les partenaires politiques, notamment ceux qui sont dans l'opposition, et demandons à nous écouter les uns les autres afin de pouvoir dépasser la conjoncture difficile que traverse notre pays", a-t-il souhaité, et ce, à titre de réponse aux nombreuses questions portant sur le refus de l'opposition de s'inscrire dans la démarche du pouvoir. le vice-Premier ministre, Ramtane Lamamra, a tenté, lui aussi, de tendre la main à l'opposition, tout en se disant conscient de la difficulté de la tâche. Il a mis en avant "la nécessité de fournir davantage d'efforts et de persévérance pour convaincre nos frères (opposition, ndlr) de l'importance de dialoguer et de coopérer". "L'Algérie nous interpelle tous pour serrer les rangs et élaborer une vision d'avenir", a encore indiqué Lamamra qui avouera qu'aucun contact n'a été entrepris avec des partis d'opposition pour espérer les associer dans le futur gouvernement. La tâche de cet Exécutif se confine, outre en l'expédition des affaires courantes, en l'accompagnement de la conférence nationale. Invité à donner les délais du début de cette conférence, Noureddine Bedoui a promis que cela se fera dès que l'annonce du gouvernement sera faite. "Nous n'avons plus de temps à perdre", a-t-il indiqué. "Ce n'est pas à nous de donner le mode de fonctionnement, ni la composante" de la conférence nationale, a précisé Lamamra qui ajoutera : "Ce sera aux participants de décider des mécanismes de cette instance." S'agissant des réactions de certains pays étrangers, Ramtane Lamamra précisera que "s'intéresser à un problème interne est naturel. Mais l'ingérence n'est, en aucun cas, acceptable". Ali Boukhlef