Le cours de la Révolution d'Annaba s'est avéré trop exigu, hier, pour accueillir les manifestants contre la prolongation du 4e mandat d'Abdelaziz Bouteflika à la présidence de la République. Comme ils l'ont fait les deux vendredis précédents, les habitants ont convergé d'abord par centaines vers le centre-ville juste après la prière hebdomadaire, pour se rassembler sur l'esplanade du théâtre régional Azzedine-Medjoubi. En moins d'une heure, la foule atteignait plusieurs milliers de personnes venues des quartiers les plus éloignés de la ville et des communes voisines pour clamer leur rejet des offres du pouvoir, tout en exigeant le départ immédiat et inconditionnel de celui-ci. Ainsi, femmes et hommes de tous âges et de toutes conditions sociales, auxquels se sont joints des adolescents ont démontré, on ne peut plus clairement, leur détermination à continuer leur combat pacifique et responsable pour l'instauration d'une nouvelle République. Arborant l'emblème national et scandant des slogans hostiles à ceux qui continuent de se cacher derrière la lettre attribuée au Président malade, la foule, forte de plusieurs dizaines de milliers de citoyens, a marché autour de la place mythique avant de défiler sur le boulevard du 1er-Novembre en direction des plages jusqu'à 17h. Cette participation massive de la population de la wilaya côtière aura été la plus importante jamais enregistrée, nous affirmait, hier, un nonagénaire, qui n'a pas hésité à comparer cette manifestation à celle d'un certain 5 Juillet 1962. Nous pouvons, de notre côté, affirmer que ceux qui prédisaient un essoufflement du mouvement du refus d'un nouveau mandat de Bouteflika devront se rendre à l'évidence et se convaincre du contraire.