En dépit de la grande marche citoyenne contre le pouvoir qui a drainé des centaines de milliers de citoyens, hier après-midi, les villageois d'Ath-Douala n'ont pas omis de commémorer, hier matin, comme chaque année d'ailleurs, la tragédie inoubliable de Ben-Aknoun qui a vu la triste OAS des sanguinaires Salan, Susini et autres Lagaillarde, assassiner lâchement, le 15 mars 1962, six inspecteurs des centres sociaux, en l'occurrence l'écrivain Mouloud Feraoun et ses cinq compagnons, Ali Hammoutène, Max Marchand, Salah Ould-Aoudia, Robert Eymard et Marcel Basset. Et en ce douloureux souvenir, la fondation "Mouloud Feraoun" de Tizi-Hibel et les autorités locales de la commune d'Ait-Mahmoud et de la daïra de Béni-Douala ont tenu à marquer tel qu'il se doit ce 57e anniversaire de la tragédie de Ben-Aknoun, hier au cimetière de Tizi-Hibel, et ce en présence d'une foule nombreuse dont Ali et Fazia Feraoun, les deux héritiers de l'illustre écrivain et les représentants des fondations Mouloud Feraoun, Imache Amar, Matoub Lounès, Mustapha Bacha sans oublier les autorités locales, à leur tête le chef de daïra de Béni-Douala, les élus locaux et les représentants de la direction de la culture de la wilaya et de l'APC de Tizi-Ouzou. Après la traditionnelle cérémonie de recueillement sur la tombe du célèbre écrivain marquée par une minute de silence et le dépôt d'un grand nombre de gerbes de fleurs, plusieurs intervenants ont pris la parole pour rappeler le grand sacrifice de Mouloud Feraoun et de ses cinq compagnons emportés à la fleur de l'âge par la barbarie sauvage imposée par les sanguinaires de l'Algérie française, à la veille du cessez-le-feu du 19 mars 1962 et de l'indépendance de l'Algérie. Tout en souhaitant la bienvenue à la nombreuse assistance venue de toutes les localités de Kabylie, Mokrane Nessah, le dynamique président de la "Fondation Mouloud Feraoun", a tenu à rendre "un hommage particulier à tous ces anciens cadres centraux de l'éducation lâchement assassinés par les ennemis de l'Algérie indépen- dante" et a rappelé "les nombreux écrits légués par le regretté Feraoun qui a toujours prôné la liberté et la démocratie en Algérie qui, dit-il, ont été malheureusement confisqués par les tenants du pouvoir, de l'indépendance jusqu'à ce jour, ce qui explique, conclut-il, toute la révolte actuelle du peuple algérien". Comme le veut la tradition, cette cérémonie de recueillement fut ponctuée par une "waâda" populaire offerte peu avant la mi-journée par le comité de village de Tizi-Hibel pour permettre à la nombreuse assistance de rallier aussitôt la ville de Tizi Ouzou afin de prendre part à la grande marche citoyenne qui a permis à des centaines de milliers de dire non au projet de sortie de crise proposé par Bouteflika. Mohamed HAOUCHINE