Si, le 15 mars 1962, l'Algérie et le monde entier furent bouleversés par l'horrible assassinat perpétré, au "Château royal" de Ben Aknoun, par la sinistre OAS des sanguinaires Salan, Susini et Lagaillarde et des partisans de l'Algérie française, qui avait coûté la vie à six inspecteurs des centres sociaux et éducatifs de l'époque, en l'occurrence le célèbre écrivain, Mouloud Feraoun, et ses cinq compagnons Ali Hammoutène, Salah Ould Aoudia, Max Marchand, Marcel Basset et Robert Eymard, voilà que, cinquante-six ans après cette terrible tragédie fomentée par les adeptes de la "terre brûlée" en Algérie, la mémoire collective se souvient encore "comme si cela datait d'hier" — pour reprendre cette expression connue de l'auteur du Fils du pauvre — de ce véritable crime qui avait endeuillé notre pays à quatre jours du cessez-le-feu historique du 19 Mars 1962. Et jeudi passé, à l'occasion du 56e anniversaire de cet événement tragique, d'émouvantes cérémonies de recueillement ont été organisées sur les tombes des martyrs Ali Hammoutène, au cimetière M'douha de Tizi Ouzou, et Mouloud Feraoun dans son village natal de Tizi Hibel, dans la région des Ath Douala, où une foule nombreuse a tenu à s'incliner à la mémoire des six malheureuses victimes des centres sociaux qui avaient été fusillées froidement, rappelons-le, par les commanditaires de l'OAS, alors qu'elles étaient en réunion de travail à Ben Aknoun. Et ce fut en présence des autorités locales, des représentants des secteurs de l'éducation et de la culture mais aussi des membres des familles Feraoun et Hammoutène, et à leur tête Ali Feraoun et Mohamed Hammoutène, que la nombreuse foule, dont de jeunes collégiens et lycéens de la région, aura eu droit à des causeries émouvantes et des témoignages poignants sur la barbarie de l'OAS et le parcours éducatif élogieux de ses six victimes. "C'est quand même dur d'oublier ces moments cruels où les sanguinaires de l'OAS ont lâchement assassiné, au fusil-mitrailleur, des inspecteurs de l'enseignement dans une cour d'école, et dites-vous bien que, cinquante-six ans après, la terrible plaie n'est pas encore cicatrisée", avoue le Dr Mohamed Hammoutène, qui n'avait pas encore bouclé ses neuf ans quand le destin de son défunt père fut happé par la bêtise humaine et la horde sauvage de la sinistre OAS de l'époque. "Il est de notre devoir de commémorer, chaque année, ce douloureux anniversaire du 15 mars 1962 où notre grand écrivain Mouloud Feraoun, appelé familièrement ‘Dda l'Mouloud Ath Chabane', ici dans notre village de Tizi Hibel, ainsi que ses cinq compagnons ont été froidement exécutés par les partisans de l'Algérie française", dira, de son côté, Mokrane Nessah, président de l'association culturelle Mouloud-Feraoun de Tizi Hibel, qui a organisé, à l'occasion, un concours d'écriture sur la tragédie de Ben Aknoun et l'œuvre littéraire de Feraoun au profit des élèves du collège Alliche-Youcef de Beni Douala, alors que la direction de la culture de la wilaya a organisé, rappelons-le, toute une semaine culturelle pour marquer, tel qu'il se doit, ce douloureux événement. Mohamed HAOUCHINE