RESUME : Nawel s'est rendue aux arrêts de bus long trajet. Deux hommes attendent et semblent surpris. Même le receveur du car en partance sur Alger. Elle est soulagée quand ils partent enfin. Huit heures après, ils sont à Alger. Pour elle, sa vie a pris un nouveau départ. Elle les renie tous, même sa vie… Nawel ne sort pas de sa chambre de toute la journée, même si elle n'a rien mangé depuis la veille au soir. Son bébé a dormi une grande partie de la journée. - Enfin en paix, dit-elle. Mais elle ne sait que trop qu'il faudra trouver du travail afin d'avoir une situation stable. Ce ne sont pas les quelques billets volés à son mari qui les nourriront longtemps. Où trouver un travail où on pourra accepter la présence de son bébé ? Elle a beau y réfléchir, elle ne voit pas ce qu'elle pourrait faire et qui accepterait son bébé. Elle pense à tant de choses à la fois qu'elle se sent étouffer. Elle prend son bébé et sort. Elle remet la clef à la réceptionniste qui s'avère être aussi la femme du propriétaire de l'hôtel. Elle a envie de faire connaissance avec elle et même de lui confier sa situation. C'est une femme, elle devrait la comprendre. Nawel décide de ne pas faire la fière et demande à lui parler. La femme du propriétaire qu'on nommera Megdouda ne refuse pas. - Je m'excuse de vous déranger mais je dois vous parler de ma situation, commence Nawel. J'ai besoin d'aide. - Quel genre d'aide ? Vous n'avez plus de quoi payer votre chambre ? Ici, dit Megdouda, la maison ne fait pas de crédit. - Non, j'ai réglé ma chambre. Je cherche du travail. Je pourrais faire n'importe quoi, le ménage, la cuisine, enfin, ajoute la jeune femme, tout ce que vous voulez. Megdouda n'a besoin de personne actuellement. - J'ai deux femmes de ménage qui travaillent à mi-temps. Si vous tenez vraiment à travailler, je peux vous envoyer chez des amis… Avez-vous fait des études ? Avez-vous un diplôme ? - Oui, je suis couturière, répond-elle. Je l'étais avant. Mais j'apprends vite. - Je veux bien vous croire. Mais qui gardera votre bébé ? demande Megdouda. Êtes-vous divorcée ? - Je… je suis partie de chez moi. À cause de ma belle-famille, répond la jeune femme. Elle m'en a fait voir de toutes les couleurs. - Vous croyez que vous pourrez vous en sortir ainsi en fuyant les problèmes ? - C'est juste, pour quelque temps. Si mon mari tient à nous, il nous rejoindra, répond Nawel. Le problème ne se posera plus. - Je l'espère pour vous. Trouvez vite une solution, à vos problèmes, car je refuse de vous garder ici plus d'une semaine, la prévient Megdouda. Est-ce clair ? Nawel hoche la tête et, au fond d'elle-même, regrette déjà de lui avoir confié sa réelle situation. Elle prend son bébé et sort dans la rue. Elle se promène pendant quelques minutes. L'odeur de sardines grillées réveille son appétit. Elle meurt de faim et entre dans le restaurant. Elle est vite servie et elle mange avec appétit jusqu'à ce qu'elle remarque le regard des autres clients. Ils la fixent depuis un moment au point de la gêner. Elle ne supporte pas leurs regards. Elle ne finit pas son assiette. Elle prend deux bouts de pain et se confectionne un sandwich avec le restant de sardines. Elle demande au serveur une bouteille d'eau qu'elle met dans un sac avec son sandwich. Après avoir réglé à la caisse, elle sort du restaurant en prenant conscience de la nuit tombante. Elle ne s'attarde pas dans la rue et rentre à l'hôtel. Megdouda est encore derrière le comptoir de la réception et quand elle voit le sachet, elle lui demande : - Qu'est-ce que c'est ? - Une bouteille d'eau et des langes pour mon fils, répond Nawel en récupérant sa clef. - Tant mieux. Ici, il est interdit de manger dans les chambres. Ne t'avise pas à le faire. Les femmes de ménage le découvriraient très vite. Nawel monte à sa chambre et lorsqu'elle glisse la clef pour ouvrir, elle est surprise. La clef ne tourne pas dans la serrure. La porte est ouverte. (À suivre) A. K. [email protected]