Pendant que l'offre de l'Opep recule, en raison, en partie, de la mise en œuvre dès janvier des décisions de réduction de la production, mais aussi sous le coup des sanctions américaines contre l'Iran et le Venezuela, les Etats-Unis pompent sans retenue, portant leur production à des niveaux record ces derniers mois. La réunion extraordinaire Opep-non-Opep, prévue initialement les 17 et 18 avril prochain, n'aura pas lieu. Il serait trop tôt d'évaluer l'impact des dernières mesures prises le 7 décembre dernier sur le marché. Les délégués des pays Opep et non-Opep, réunis, hier, à Bakou, en Azerbaïdjan, ont recommandé d'annuler la réunion extraordinaire des 17 et 18 avril et d'attendre celle de juin pour décider s'il y a lieu de prolonger les baisses de la production décidées à l'issue des réunions Opep-non-Opep du 7 décembre dernier. À cette date, les marchés auront pu évaluer l'impact réel des sanctions américaines contre l'Iran et de la crise du Venezuela. Les dérogations attribuées par l'administration Trump à huit pays, les autorisant à acheter du pétrole iranien, arriveront à échéance en mai, alors que le Venezuela, un des plus importants membres de l'Opep de par les réserves, est empêtré dans une impasse politique insurmontable qui s'était traduite par une forte baisse de l'activité de son secteur pétrolier. Le ton avait été donné durant le week-end par le ministre saoudien de l'Energie, Khalid Al-Falih, laissant entendre qu'il serait prématuré de prendre une décision sur la production dès avril. "Le consensus dont nous avons connaissance (...) est qu'avril sera prématuré pour prendre une décision de production au second semestre", a-t-il déclaré hier. "Tant que les stocks augmentent et nous sommes loin des niveaux normaux, nous gardons le cap, guidant le marché vers l'équilibre." Pendant que l'offre de l'Opep recule, en raison, en partie, de la mise en œuvre dès janvier des décisions de réduction de la production, mais aussi sous le coup des sanctions américaines contre l'Iran et le Venezuela, les Etats-Unis pompent sans retenue, portant leur production à des niveaux record ces derniers mois. Le pays de Donald Trump a dépassé récemment le seuil de 12 millions de barils par jour, un record inégalé qui met les efforts de l'Opep et ses alliés à rude épreuve. Peu avant le début de la réunion, à Bakou, du comité adjoint de monitoring Opep-non-Opep, le ministre saoudien de l'Energie a balayé d'un revers de la main l'existence d'une quelconque pression à laquelle fait face l'Organisation des pays exportateurs de pétrole. "Nous ne subissons aucune pression, excepté celle du marché", a répondu Khalid Al-Falih à la presse. Les stocks et l'investissement pétroliers sont les deux principaux éléments à partir desquels l'Opep étaye ses décisions, a expliqué Khalid Al-Falih, ajoutant que selon les estimations des professionnels, il faudra investir 11 000 milliards de dollars dans les 20 ans à venir pour pouvoir répondre à la croissance de la demande. "Notre but est de ramener les stocks mondiaux à des niveaux plus normaux et, surtout, d'anticiper un engorgement pour nous en protéger", a dit le ministre. "Un autre paramètre important est l'investissement : de ce point de vue nous ne voyons rien qui nous rapproche des montants nécessaires". Depuis le début de l'année, date de la mise en œuvre des décisions de réduction de la production, les cours du Brent ont gagné 20% de leur valeur après avoir perdu près de 40% de début octobre à fin décembre 2018. Hier, les cours du pétrole ont progressé légèrement peu après la réunion de suivi de l'accord de limitation de la production ; le baril de Brent de la mer du Nord s'affichait à 67,31 dollars, vers 14h30, sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 17 cents par rapport à la clôture de vendredi. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour le contrat d'avril a cédé 6 cents à 58,88 dollars. Ali Titouche