Les cours du pétrole ont nettement reculé vendredi, après une nouvelle brusque escalade des tensions commerciales entre Washington et Pékin, les courtiers craignant des effets négatifs sur la demande mondiale de brut. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août a fini à 73,44 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 2,50 dollars par rapport à la clôture de jeudi. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour le contrat de juillet a abandonné 1,83 dollar à 65,06 dollars. Donald Trump a mis vendredi ses menaces à exécution en annonçant qu'il imposait de nouveaux droits de douane de 25% sur 50 milliards de dollars d'importations chinoises. Pékin, par l'intermédiaire du ministère chinois du Commerce, a de son côté annoncé qu'il imposerait aux Etats-Unis des droits de douane "identiques" à ceux qu'ils ont décidé de lui infliger. "Plus que toute autre raison, les craintes de guerre commerciale et ses potentielles conséquences sur la demande mondiale en pétrole ont pesé sur les indices", a affirmé Phil Flynn de Price Futures Group. La chute observée vendredi est venue s'ajouter à un autre sujet facteur de baisse des cours: l'annonce probable d'une augmentation de la production de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et de ses dix partenaires, dont la Russie, à l'occasion d'une réunion qui se tient les 22 et 23 juin prochain à Vienne. Ces Etats sont engagés depuis début 2017 et théoriquement jusqu'à la fin de l'année dans un accord qui leur impose des quotas de production dans le but de faire remonter les prix. Les deux géants de la production que sont l'Arabie saoudite et la Russie ont récemment fait part de leur souhait de desserrer un peu l'étau de cet accord. Mais d'autres pays comme l'Iran et le Venezuela, qui ne sont pas forcément en mesure d'augmenter leur production, s'opposent déjà à une hausse des quotas. "Des discussions sont encore à prévoir d'ici la réunion de Vienne. D'autres rebondissements ne sont donc pas à exclure", ont commenté les analystes de Saxo Banque. Les décisions de l'Opep doivent être prises à l'unanimité. Alors que les nouvelles à l'échelle internationale influencent davantage le cours du pétrole coté à Londres, référence mondiale du brut, le pétrole coté à New York a été un peu plus épargné grâce au recul d'une ampleur inattendue des stocks américains de brut dévoilé mercredi dans un rapport hebdomadaire de l'Agence américaine d'information sur l'énergie (EIA). Publié chaque vendredi par la société américaine Baker Hughes, le nombre de puits de pétrole actifs aux Etats-Unis, un indicateur avancé de la production dans le pays, a quant à lui progressé d'un puit, soit un chiffre plutôt neutre pour le marché.
L'Opep+ pourrait relever sa production à partir de juillet L'Opep et ses alliés pourraient relever progressivement leur production à partir du 1er juillet, a déclaré jeudi le ministre de l'Energie russe Alexandre Novak, à l'issue de discussions avec l'Arabie saoudite à Moscou. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et d'autres producteurs tiendront réunion les 22 et 23 juin à Vienne pour décider si l'accord d'encadrement de la production en vigueur depuis janvier 2017 doit être revu pour freiner des cours qui ont dépassé les 80 dollars le baril en mai. L'Arabie saoudite et la Russie, promoteurs de ce mécanisme qui réduit la production de quelque 1,8 million de barils par jour (bpj), ont laissé entendre qu'ils voulaient voir les extractions augmenter. Alexandre Novak a dit, après s'être entretenu avec le ministre saoudien de l'Energie Khalid-al-Falih, que les deux pays étaient favorables "en principe" à une sortie progressive de l'accord d'encadrement. "Nous y sommes globalement favorables (...) mais nous discuterons des détails avec les ministres (de l'Opep) dans une semaine", a-t-il déclaré, précisant que l'une des possibilités serait d'augmenter progressivement la production d'un million bpj, peut-être dès le 1er juillet. "Evidemment, la sortie doit être progressive", a dit Novak. "Nous devons examiner la dynamique de la croissance de la demande et les capacités des différents pays d'augmenter la production (...) car pour certains c'est difficile". Les cours pétroliers, qui avaient plongé à moins de 30 dollars le baril en 2016, sont revenus à plus de 80 dollars en mai, soit au plus haut depuis 2014. La chute de la production du Venezuela pour cause de crise économique et les sanctions américaines qui menacent celle de l'Iran ont favorisé cette remontée. Les deux pays, membres de l'Opep, refusent toute augmentation de la production du cartel.