La rue ne décolère pas à Béjaïa. Hier encore, au cinquième vendredi de mobilisation citoyenne, la capitale des Hammadites a, de nouveau, vibré au rythme de slogans : "Système dégage !", "Pouvoir assassin !", "Bouteflika, l'Algérie ne t'appartient pas!", "Nidhal, nidhal, hatta yasqout ennidham !" (le combat continue jusqu'à la chute du régime)… En effet, une marée humaine a déferlé, encore une fois, hier, sur les artères principales de la ville de Béjaïa pour réaffirmer son refus de la feuille de route proposée par le pouvoir en place et exiger le départ "immédiat et inconditionnel" de tout le système politique. Le coup de starter de la marche a été donné, comme à l'accoutumée, vers 13h30, depuis le carrefour d'Aâmriw, jouxtant l'esplanade de la maison de la culture Taos-Amrouche, où des milliers de citoyens, venus des quatre coins de la wilaya, commençaient à affluer à partir de midi. Afin de permettre une meilleure organisation et préserver le caractère pacifique de cette énième démonstration de rue, les manifestants ont formé des carrés, selon leurs affinités, sensibilités politiques ou idéologiques, ordre professionnel ou corporatiste… Toutefois, certains carrés de manifestants qui présentaient une ambiance particulière, à travers des chansonnettes, des scènes de liesse et de l'humour, attiraient plus de monde. À pied, à moto, ou en voiture diffusant de la musique amplifiée, de jeunes animateurs associatifs, à l'image de l'activiste Yanis Adjlia, lancent, à l'aide de mégaphones, des slogans hostiles au clan présidentiel et réclamant la chute du régime de Bouteflika. Des slogans désormais habituels, que reprend en chœur une foule euphorique. D'autres jeunes manifestants, perchés sur les murs de clôture de certains édifices publics, tels que le siège de la wilaya et celui du bloc administratif, et même sur des lampadaires, arboraient l'emblème national et le drapeau amazigh, tout en scandant à tue-tête les mots d'ordre de ces manifestations pacifiques nés du soulèvement populaire du 22 février dernier. "À vous les palais, à nous la rue", "L'Algérie est une République et non une monarchie", "FLN au musée, le RND à la poubelle", "FLN + RND = gangrène de la Nation. Remède exigé : amputation !", "Non au gouvernement technique corporatiste", "Pour une deuxième République"… sont autant de nouveaux slogans scandés, hier, par les manifestants béjaouis. Il faut souligner que depuis l'imposante marche du 8 mars passé, la gent féminine manifeste en masse dans la ville de Yemma Gouraya. En fait, nous avons remarqué, hier, que bon nombre de manifestants ont investi la rue en famille. D'où la présence en grand nombre de femmes et d'enfants hier. La marche a débuté sous un soleil printanier et s'est achevée vers 16h30 sous une pluie battante. Son itinéraire est toujours le même, à savoir du carrefour d'Aâmriw jusqu'au boulevard Amirouche, en haute ville. KAMAL OUHNIA