Dix jours après son installation à la tête du gouvernement, Noureddine Bedoui n'arrive toujours pas à composer son équipe gouvernementale. Le Premier ministre, officiellement chargé de "mener des consultations" en vue de former un gouvernement "de compétence et de large représentation", bute sur une double difficulté : l'opposition qui refuse d'intégrer son équipe et le régime qui ne veut pas abdiquer face à la pression de la rue. Depuis la semaine dernière, Noureddine Bedoui mène, discrètement, des consultations pour convaincre les personnalités issues de la société civile, des figures de l'opposition et des hommes politiques de participer à un gouvernement dont les contours ont été définis quelques jours auparavant. Au cours de la conférence de presse animée deux jours après sa désignation, le Premier ministre avait, en effet, souhaité voir "plus de jeunes" et des "compétences" intégrer son gouvernement. Pour éviter de donner l'impression de "reprendre les mêmes", il a même évité de s'appuyer sur les partis du pouvoir pour composer son gouvernement. Contrairement à ce qu'il espérait, Noureddine Bedoui a essuyé, rapidement, un refus presque unanime des syndicats, personnalités et partis contactés. Si certaines organisations proches du pouvoir ont accepté de discuter avec le Premier ministre, l'ensemble des syndicats autonomes ont rendu publics des communiqués pour exprimer leur refus de rencontrer le représentant du pouvoir. Si Bedoui n'a pas communiqué publiquement, des contacts ont été pris avec des personnalités de l'opposition qui ne sont pas forcément partisanes, mais qui ont largement échoué. Face au refus de l'opposition, Noureddine Bedoui, seul à mener les consultations depuis que son binôme, Ramtane Lamamra, est déployé sur le terrain diplomatique, se tourne vers des technocrates. Il tente, ces derniers jours, de puiser dans les cadres administratifs et de certains anciens dirigeants d'organismes publics. Cela ne donne, pour l'instant, aucun résultat probant. À l'orée de la deuxième semaine, le gouvernement n'est toujours pas constitué. Pourtant, lors de sa récente conférence de presse, Bedoui avait annoncé que la composition de son gouvernement allait être annoncée "très rapidement". Le Premier ministre, confronté à ces écueils, n'a d'autre choix que de travailler avec les ministres sortants. Des médias indiquent que Noureddine Bedoui s'est résolu à demander à l'équipe d'Ahmed Ouyahia de rester en place en attendant des jours meilleurs. Il aurait réuni, jeudi, les ministres, qui se font de plus en plus discrets au fur et à mesure que la contestation se prolonge. Outre le refus de l'opposition, l'absence de l'annonce du nouveau gouvernement est symptomatique des hésitations qui paralysent le sommet du pouvoir. Ce dernier perd le cap, et devant la persistance des manifestations, il perd aussi la voix. Ali Boukhlef