L'Algérie sous l'ère ottomane, la puissance de son empire, sa contribution dans les domaines de la culture, de l'architecture, jusqu'à son armée, voilà ce à quoi Rachid Réda Etchiali consacre son ouvrage L'Empire ottoman et la contribution de Euldji Ali Rais–Keletch Ali Pacha – à sa puissance et à sa gloire, paru aux éditions Daheb. Passionné par l'histoire, il cite les personnages qui ont contribué à construire la nôtre, mais aussi un acharnement à vouloir à rétablir certaines vérités sur des personnages et des faits historiques. En effet, avant de revenir sur la vie du personnage, l'auteur démine le terrain et dénonce certains théories "d'historiens qui excellent dans l'art du discrédit des civilisations, surtout orientales, selon le principe de la ‘Supériorité de l'homme blanc'". Selon Etchiali, "ces derniers ne respectent pas les règles de l'historiographie et se sont mis à spéculer sur les faits historiques selon leur conception des choses, au service d'idéologies politiques et économiques dépassées". Pour rétablir cette vérité donc, Etchiali consacre deux parties de son ouvrage où il revient d'abord dans la première sur l'Empire ottoman, sa naissance, son expansion, son armée, et son installation en Algérie. Dans le second chapitre, il détaille la vie et l'œuvre d'Euldj Ali Raïs, alias Keletch Ali Pacha, auquel il a précédemment consacré un ouvrage, à l'occasion d'une double célébration : "quatre cent trente-et-un ans après sa mort et cinquante-six ans après le recouvrement de notre indépendance". Né en 1507 dans une famille calabraise selon les Occidentaux, explique l'auteur, et turque musulmane pour les Ottomans, Euldj-Ali se décide, dès 1542 "à se consacrer à la défense de l'islam partout où celui-ci pourrait être menacé". Après la guerre du Levant, Euldj Ali, se rend en Méditerranée occidentale où il mènera un combat sans merci contre la Reconquista espagnole, "à la mesure de l'ampleur des persécutions contre les Maures". À la mort de son père, le général Hassan Korso se lie d'une profonde amitié avec Ali. Ce dernier devient son homme de confiance et lieutenant, et participera à toutes les campagnes menées en Oranie. Après la victoire des troupes de Korso contre les Chérifiens qui tentèrent d'assaillir Mostaganem, il nomme Euldj-Ali raïs de la région de Tlemcen, "qui sonna le glas aux prétentions espagnoles sur l'arrière- pays oranais". Au fil des pages, nous découvrons l'homme passionné, dévoué et brave qu'était Euldj Ali, car "jamais, de son temps, un personnage n'avait autant défrayé la chronique que Keletch Ali Pacha, qui était redouté par ses ennemis et loué et respecté par ses troupes et ses chefs". Et Defontin Maxange, cité par l'auteur, de le qualifier en ces termes : "Grand marin, diplomate, général, conquérant il fut habile homme, autant que vaillant ‘homme', génial par son esprit d'organisation comme exceptionnel par son caractère(…) c'est un artiste du pouvoir et du vouloir qui écrivait sans dilettantisme, mis pour l'amour de l'art". Yasmine Azzouz L'Empire ottoman et la contribution d'Euldj Ali Raïs—Keletch Ali Pacha— à sa puissance et à sa gloire, de Rachid Réda Etchiali, éditions Dahleb. 415 pages. 2018, 2 500 DA.