Les Algériens du Canada ont manifesté hier avec la même détermination et encore plus nombreux pour exiger le départ du président Abdelaziz Bouteflika et le système politique qui n'a aucun bilan à faire valoir. L'acte V de la révolution algérienne a été marqué par un grand rassemblement de contestation devant le consulat général d'Algérie à Montréal qui a drainé la foule des grands jours. Les manifestants ont brandi des banderoles et des pancartes, dont les slogans reviennent tels des leitmotivs chaque vendredi dans les villes algériennes et les dimanches dans la diaspora. "Les Algériens s'engagent, système dégage", est-il écrit sur une pancarte brandie par une jeune fille. Comme depuis le début des manifestations, la police de Montréal a fermé à la circulation automobile la rue où se tient le rassemblement. Bien avant le début du rassemblement, deux jeunes ont installé un étal pour proposer des drapeaux et des écharpes aux couleurs nationales et la bannière amazighe. Pratiquement, chaque manifestant tenait un drapeau et une pancarte, si ce ne sont les deux à la fois. Vers 11h, la rue et le parc qui lui sont adjacents sont noirs de monde. "Djazaïr hourra dimokratia", "Klitou leblad, ya sarrakine", "Pouvoir assassin", "Chaâb yourid isqat ennidham" (le peuple veut la chute du régime), "ULac smah ulac", scandent à pleins poumons les manifestants, joyeux, mais déterminés. Les chants révolutionnaires ont également meublé cette manif dominicale. Les portraits des révolutionnaires Abane Ramdane et Ben M'hidi sont exhibés dans un contraste saisissant avec ceux des hommes du pouvoir barrés à l'encre rouge. "Trouhou gaâ !", pestent les manifestants à leur endroit. Un homme d'un certain âge a brandi une pancarte sur laquelle il est écrit : "Pour une transition démocratique pacifique." "Le peuple a dit son dernier mot : dégagez !", tranche une autre pancarte. Ramtane Lamamra, qui est allé quémander du soutien à l'étranger contre le peuple sorti manifester et exiger la fin du système, en a eu pour son grade. "Il a perdu le peu de crédibilité qu'il avait auprès d'une partie de l'opinion", déplore un manifestant, étudiant à HEC Montréal. "C'est paradoxal pour un pouvoir qui voit derrière chaque citoyen qui manifeste la main étrangère, et part, tête baissée, solliciter cette même main de l'étranger. Pathétique", ajoute un autre. À ce propos, les manifestants n'ont pas manqué de dénoncer l'attitude de certaines capitales occidentales, notamment Paris, qui, depuis, s'essaie à la diplomatie du trapéziste. La diplomatie française a mis beaucoup d'eau dans son vin concernant la crise politique algérienne depuis le tweet du président Macron. Des manifestants rejoignaient encore le rassemblement, alors qu'il tirait à sa fin. Vers 13h, Les manifestants commençaient à se disperser dans le calme, avec la promesse de revenir dimanche prochain, encore plus nombreux, comme pour reprendre en écho à ce slogan : "Tu prolonges le mandat, on prolonge le combat." Par ailleurs, des bénévoles ont entrepris de nettoyer les lieux, ce qui a épaté même les policiers québécois. Un autre rassemblement a été observé à Ottawa devant l'ambassade d'Algérie. Yahia Arkat