Pour la sixième semaine consécutive, la mobilisation des citoyens de Annaba, contre les dernières tentatives du système de rester en place malgré le refus exprimé haut et fort par le peuple, est, cette fois-ci, toujours aussi importante que les cinq précédentes. Par dizaines de milliers, la population constituée de toutes les couches de la société dont des médecins, avocats, magistrats, fonctionnaires, étudiants, simples citoyens, jeunes sans emploi, couples avec enfants, maintient la pression pour le deuxième mois consécutif. Tenant d'immenses emblèmes ou brandissant des banderoles de différentes dimensions, Ils refusent l'application de l'article 102 de la Constitution. Elle signifie, selon des avocats présents parmi les marcheurs : «Le détournement de la révolte pacifique et historique du peuple pour sauver le système ayant mis le pays à genoux, c'est clair. L'option que présente le pouvoir risque d'être inappropriée et ne règlera pas le problème. Le peuple réclame depuis le premier vendredi, du 22 février, le départ de toutes les figures du pouvoir en place et non des propositions de raccommodage ». « Irhalou gaâ » (dégagez tous), « Hlektou leblad ya sarraqine » (vous avez détruit le pays, oh voleurs), « El djazaïr horra democratia » (l'Algérie libre et démocratique) « Echaâb yourid isqat ennidham » (le peuple veut la chute du pouvoir), « El hissab oua el iqab leli nehbou mal leblad» (justice et sanction pour ceux qui ont volé l'argent du pays). « El djeich echaâb khaoua khaoua » (le peuple et l'armée sont frères). « La nourid Bouteflika oua Saïd » (nous ne voulons ni Bouteflika ni Saïd), « silmya silmya » (pacifique) « FLN-RND dégagez ». Les principales rues de Annaba grouillaient de monde dès la fin de la prière du vendredi. Les protestataires ralliaient le cours de la Révolution devenu au fil des vendredis le lieu d'où s'ébranle la marche sans fin. Par groupes compacts, la procession avançait lentement vers la plage Rizi-Amor (ex-Chapuis) en empruntant le boulevard Sainte Monique, du nom de la mère de St Augustin, pour aboutir au boulevard d'un aussi grand nom de l'Algérie éternelle : Mostefa-Benboulaïd en passant par le Boulevard du 1er-Novembre-1954 d'une longueur de près de quatre kilomètres. A. Bouacha