L'ex-membre de la commission électorale pour les élections de la FAF du 20 avril 2017, qui ont vu l'arrivée de Kheiredine Zetchi à la tête de la fédération, Mohamed Zerouati a reconnu publiquement lundi que le processus électoral était bel et bien aiguillé par le ministère de la Jeunesse et des Sports et certaines parties influentes. "Aujourd'hui, je l'avoue, nous avons répondu favorablement à des injonctions directes du MJS et de certaines parties pour faciliter l'élection de Zetchi à la tête de la fédération. Nous avons signé des directives écrites du MJS dans ce sens. Les écrits sont encore là", martèle Zerouati qui pointe du doigt notamment le ministre de la Jeunesse et des Sports, El Hadi Ould Ali, au cours d'une émission de la chaîne El Bilad. Et d'ajouter : "À ce titre, je dois publiquement présenter mes excuses à M. Baameur, qui était avec nous dans la commission électorale avec Hamar, El-Morro et Oumamar. C'est le seul qui n'a pas accepté de cautionner la démarche du MJS. C'est un gars à principes…" Il faut rappeler à ce titre qu'Ali Baameur avait été évincé de la présidence de la commission électorale en raison de son opposition à l'immixtion des pouvoirs publics. Il a fait les frais d'un coup d'Etat orchestré par ses pairs qui ont fini par introniser intra-muros, Hamar. Il était d'ailleurs absent le jour de l'AG élective. Le 21 mars 2017, soit au lendemain des élections, la FIFA avait envoyé une lettre à la FAF dans laquelle elle demande des explications quant au déroulement du scrutin. La FAF a répondu le 22 mars à la FIFA avec tous les documents afférents à cette élection. Il faut rappeler aussi que des candidats à la FAF, à savoir Mouldi Aïssaoui et Abdelkrim Medouar, se sont déjà plaints publiquement des irrégularités qui ont entaché les élections tels le rejet abusif de leurs candidatures, la manipulation hors délai de la liste du candidat Zetchi, la mise à l'écart du président de la commission électorale, Ali Baameur, l'immixtion des pouvoirs publics par le truchement d'un directeur central, en l'occurrence Djelab. Il y a eu également des transgressions flagrantes du code électoral de la FAF. En outre, Mourad Mazar, président de la Fédération internationale de la lutte contre la corruption sportive, a, lui aussi, saisi la FIFA en joignant au dossier tous les PV nécessaires de la commission électorale. La FIFA qui n'a pas encore validé l'élection de Zetchi et encore moins envoyé une lettre de félicitations à la nouvelle équipe dirigeante, s'apprêterait, selon notre source, à trancher le cas Algérie. Cependant, la FIFA avait fini par valider l'élection de Zetchi. Deux ans après, cette déclaration publique peut-elle tout remette en cause surtout que l'on annonce que d'autres langues pourraient se délier ? Une chose est sûre, cette sortie médiatique de Zerouati confirme que la FIFA ne s'était pas suffisamment intéressée, pour des raisons inconnues, au cas algérien. Il n'a pas fait les investigations nécessaires pour faire toute la lumière sur des immixtions des pouvoirs publics qui constituaient déjà un secret de Polichinelle sur la place d'Alger. Pourtant, la FIFA rappelle toujours qu'elle ne tolère pas l'ingérence des pouvoirs publics dans les affaires des fédérations nationales. La puissante fédération mondiale s'est toujours montrée sévère avec les pays qui ne respectaient pas cette règle. Pour participer aux compétitions internationales, les fédérations nationales ont l'obligation de souscrire aux statuts de la FIFA. Et notamment de l'article 13, qui suppose que les membres ont l'obligation de "diriger leurs affaires en toute indépendance et veiller à ce qu'aucun tiers ne s'immisce dans leurs affaires". De même, "la violation [de cet alinéa] entraîne également des sanctions, même si l'ingérence du tiers n'est pas imputable au membre concerné". En outre, l'article 17, sur l'indépendance des membres et de leurs organes, précise que "chaque membre doit diriger ses affaires en toute indépendance sans l'ingérence d'aucun tiers".