L'avenir d'Ali Haddad à la tête de la présidence du Forum des chefs d'entreprise (FCE) sera tranché à la fin du mois en cours. Dans une lettre adressée aux membres du syndicat, l'actuel n°1 du FCE a évoqué la tenue, hier, d'une rencontre avec certains adhérents. "Faisant suite à la demande de certains membres, une rencontre s'est tenue aujourd'hui, mardi 19 mars 2019, au siège du FCE. Dans un climat convivial et fraternel, les échanges ont porté sur la conjoncture que traverse notre pays", écrit Ali Haddad. "Dans le but d'approfondir et d'enrichir le débat, une réunion du conseil exécutif sera convoquée fin mars 2019", a-t-il annoncé. Vraisemblablement, l'on s'achemine vers le retrait d'Ali Haddad de la présidence de la Confédération FCE lors de cette réunion du conseil exécutif du syndicat des patrons qui, selon certaines sources, se tiendrait le 30 mars prochain. Les mêmes sources évoquent la convocation d'une assemblée générale extraordinaire qui pourrait intervenir le 28 avril 2019, pour désigner un intérimaire qui aura pour mission de préparer l'assemblée générale élective. Le FCE est soumis à des tiraillements en raison de son soutien au cinquième mandat de Bouteflika. Une position qui a engendré plusieurs défections dans ses rangs. Le P-DG de Sogemetal, Mohamed-Arezki Aberkane, a été le premier à annoncer publiquement sa démission, refusant de faire partie d'une organisation patronale qui "prône l'anathème et le mépris à l'égard de tout un peuple qui exprime librement et dignement une revendication". Il faisait allusion à des propos échangés entre Ali Haddad et Abdelmalek Sellal, alors directeur de campagne d'Abdelaziz Bouteflika, dont un enregistrement sonore accablant avait été diffusé sur les réseaux sociaux. Le P-DG d'Alliance Assurances, Hassen Khelifati, membre du Forum des chefs d'entreprise depuis 17 ans, a également décidé de geler son appartenance au FCE. Il faut préciser que M. Khelifati a toujours contesté le fonctionnement du FCE depuis qu'Ali Haddad a été porté à la tête de cette organisation. Il avait déjà exprimé sa désapprobation en démissionnant de l'exécutif depuis 2014. Brahim Tourki a démissionné du FCE, depuis 18 mois. Mohamed-Laïd Benamor, un des membres influents du syndicat des patrons, a également annoncé le gel de sa cotisation au Forum des chefs d'entreprise et sa démission de sa fonction de vice-président. "Si notre association, devenue syndicat, a joué par le passé un rôle essentiel pour mener nos entreprises et notre économie vers des lendemains meilleurs, je me désole de la voir s'éloigner de sa base", a-t-il regretté. D'autres vice-présidents se sont démarqués d'Ali Haddad. Brahim Benabdeslem (vice-président), Salah-Eddine Abdessemed, Nacéra Haddad, Mehdi Bendimerad, Karim Cherfaoui, Sid-Ahmed Tibaoui, tous vice-présidents, ont, dans un communiqué, décidé d'apporter leur soutien au mouvement populaire contre le 5e mandat de Bouteflika et pour le départ du système. Le communiqué a été signé également par Lotfi Nezzar, membre du conseil exécutif, Omar Ramdane, président d'honneur, Réda Hamiani, ancien président du Forum, Okacha Hasnaoui et Abdelaziz Zetchi, membres fondateurs. Se proclamant du "FCE originel", les signataires affirment qu'ils ne peuvent pas rester sourds à l'expression populaire à laquelle ils adhèrent "totalement". Le bureau de la wilaya d'Oum El-Bouaghi du Forum des chefs d'entreprise a, de son côté, appelé à la tenue d'une assemblée générale extraordinaire dont l'objectif est de redonner au FCE ses missions originelles. Le FCE, qui s'est mué depuis en syndicat des patrons, est devenu une caisse de résonance des choix économiques et, désormais, politiques du pouvoir. Mais certains membres souhaitent la tenue d'une assemblée générale inclusive à cause de l'instauration, l'année dernière, d'un système de "grands électeurs" désignés par le président du FCE. Meziane Rabhi