Les membres du comité central du FLN ne lâchent rien. Profitant de l'effacement de la direction actuelle du parti, près de 150 membres du comité central, dissous depuis la désignation en décembre dernier de Mouad Bouchareb comme "coordinateur" du comité de gestion du FLN, demandent le départ de l'actuelle direction et soutiennent la demande de l'armée de faire appliquer l'article 102 de la Constitution, permettant de destituer Abdelaziz Bouteflika. Alors que les dernières réunions de ce groupe se tenaient jusque-là loin des flashs des photographes de presse, les membres de l'ancien comité central du FLN se sont regroupés, hier, au siège de la kasma de Bourouba à Alger. Outre la tête d'affiche de ces protestataires, à savoir Ahmed Boumahdi, ancien membre du bureau politique sous Djamel Ould Abbes, ce groupe compte désormais de nouvelles figures emblématiques de l'ancien parti unique. Interrogé par la presse, l'ancien président de l'APN, Saïd Bouhadja, débarqué de l'instance parlementaire en novembre dernier, a plaidé pour "une nouvelle légitimité au FLN à travers la désignation d'un nouveau secrétaire général". Selon le député de Skikda, l'ancien parti unique "dispose d'une grande assise populaire" même si cette assise "est pour l'instant invisible" à cause notamment des manifestations populaires. Est-il lui-même candidat au poste de secrétaire général ? Bouhadja, 80 ans, estime qu'il "faut laisser la place aux jeunes". Ahmed Boumahdi, octogénaire, ne se gêne même pas pour réclamer le départ d'Abdelaziz Bouteflika. "Nous demandons l'application de l'article 102 de la Constitution, ainsi que la démission du président de la République", a-t-il indiqué aux médias avant de préciser que la démission est "la meilleure option" pour le chef de l'Etat. Dans un communiqué rendu public à la fin de la réunion, les 150 membres du comité central, dont d'anciens membres du bureau politique disparu avec le départ de Djamel Ould Abbes, disent soutenir l'appel lancé par Ahmed Gaïd Salah pour l'application de l'article 102 de la Constitution. "Aucune voix n'est au-dessus de celle du peuple. L'application de l'article 102 est un début de solution constitutionnelle", a affirmé Rachid Assas, un des signataires du document. Sur le plan purement organique, les membres du comité central réclament le départ de l'actuelle direction du parti considérée comme "illégitime". Ils appellent les autres membres à "tenir une réunion du comité central" pour "désigner un nouveau secrétaire général" du FLN. Une trentaine de membres du comité central avaient déposé, la semaine dernière, une requête auprès du Conseil d'Etat pour contester la légitimité de Mouad Bouchareb et de son équipe. Cette haute juridiction administrative n'a toujours pas répondu. Elle devra recevoir, entre-temps, une autre plainte. Elle émanerait de Saïd Bouhadja, ancien président de l'APN, qui conteste, lui aussi, l'intronisation de Mouad Bouchareb à sa place au perchoir de la Chambre basse du Parlement. Autant dire que l'actuel coordinateur du FLN subit des tirs de toutes parts. Ali Boukhlef