Des sources concordantes confirment que le vieux parti va être géré, du moins jusqu'à l'élection présidentielle, par une direction collégiale qui sera coordonnée par l'actuel président de l'APN. Une semaine après l'éloignement de Djamel Ould Abbes de la direction du Front de libération nationale (FLN), la situation reste toujours confuse. Le parti est sans direction clairement identifiée. Le secrétaire général du FLN, Djamel Ould Abbes, officiellement en convalescence, est toujours secrétaire général du FLN. Une semaine après l'annonce de son "retrait", le concerné se dit toujours "secrétaire général, jusqu'à preuve du contraire". Contacté hier par téléphone, Djamel Ould Abbes paraissait totalement lucide. "On m'a demandé de me reposer", a-t-il dit. Qui vous l'a demandé ? "Les médecins", a-t-il répondu, avant de rappeler qu'il ne veut pas parler politique. Pourtant, un des membres du bureau politique du FLN, Ahmed Boumahdi, le responsable le plus âgé de l'instance exécutive du parti, qui doit donc assurer l'intérim au sein du parti, conformément aux statuts du FLN, a indiqué, il y a quelques jours, que "le secrétaire général gère les affaires du parti à partir de chez lui". "Non, je ne fais pas de politique, je me repose", a expliqué, pour sa part, le concerné. Le changement, intervenu mercredi dernier en fin de journée, a été expliqué par une dépêche de l'APS comme une démission d'Ould Abbes. Ce qui a rajouté une couche au brouillard déjà si épais qui couvre le siège du FLN de Hydra. Pace qu'après l'annonce de la désignation de Mouad Bouchareb comme "coordinateur" du parti, des questions se sont imposées. À commencer par l'identité de l'homme qui a pris la décision de signifier à Ould Abbès sa fin de mission à la tête du FLN. Si d'aucuns pensent que c'est Saïd Bouteflika qui a pris la décision, des sources concordantes indiquent que c'est le secrétaire général de la présidence de la République, Habba El-Okbi, qui a été chargé de transmettre l'instruction. Se pose dès lors la question de la légalité de l'action. Selon les statuts du FLN, en cas de vacance du poste de secrétaire général, l'intérim revient au membre le plus âgé du bureau politique. Ce membre est donc, en principe, Ahmed Boumahdi. Mais les donneurs d'ordres, qui ne se sont pas affichés publiquement, ont décidé de ne pas respecter les termes des statuts. En désignant Mouad Bouchareb, qui n'est même pas membre du bureau politique, ceux qui ont signifié sa fin de mission à Ould Abbes ont pris le risque de violer les statuts du parti. La question est d'autant plus légitime que Djamel Ould Abbes aurait pu, facilement, nommer lui-même un intérimaire durant sa convalescence. Mais cela n'a pas été fait. Puis, dans l'absolu, rien d'objectif n'empêche l'ancien secrétaire général de convoquer une réunion du bureau politique ou même du comité central, tant est qu'il semble lucide, y compris au moment où il a dû se résigner à "rentrer chez lui". Ould Abbes est parti l'air de quelqu'un qui devait plier bagage sans demander son reste. D'ailleurs, c'est une autre option qui se dessine au FLN. Et elle n'est pas statutaire. Enfermé dans son bureau de l'Assemblée populaire nationale, Mouad Bouchareb, injoignable au téléphone, mais surtout ne s'empressant pas d'assumer effectivement son intérim, mènerait des concertations en sourdine. Des sources concordantes confirment que le vieux parti va être géré, du moins jusqu'à l'élection présidentielle d'avril prochain, par une direction collégiale qui sera coordonnée par l'actuel président de l'APN. Cette direction sera composée de 4 membres représentant les 4 régions du pays, en plus de son président. Ce qui signifie que la mission du bureau politique est désormais finie. "Boumahadi est en train de résister juste pour obtenir un poste dans le futur directoire. Mais comme il est issu de la même région que Bouchareb, il n'a pas beaucoup de chances", indique une source au fait des coulisses de l'ancien parti unique. Nos tentatives de joindre Ahmed Boumahdi et d'autres membres du bureau politique ont été vaines. Aucun responsable du FLN ne répondait, hier, au téléphone. Ali Boukhlef