Selon un des participants, les présents ont tous été d'accord à déclarer «l'illégitimité de Mouad Bouchareb» à diriger le FLN, et la nécessité «de revenir en urgence à la légalité». La fronde contre Mouad Bouchareb au sein du Front de libération national (FLN) s'organise de plus en plus. Plus de 150 membres du Comité central se sont réunis hier, à la kasma de Bourouba, à El Harrach, pour demander le départ du coordinateur de l'Instance dirigeante du parti, et ont décidé de convoquer prochainement une session extraordinaire du CC. La rencontre a vu la présence de Saïd Bouhadja, ancien président de l'APN, destitué en octobre 2018 par les partis de l'Alliance présidentielle. Selon un des participants, les présents ont tous été d'accord à déclarer «l'illégitimité de Mouad Bouchareb» à diriger le FLN, et la nécessité «de revenir en urgence à la légalité». D'anciens cadres du parti écartés par Bouchareb, dont Ahmed Boumahdi, Khaled Assas et Mustapha Mazouzi, étaient également présents à la réunion. Désigné le 25 novembre dernier par le Président de la république et président du FLN, Abdelaziz Bouteflika, au poste de coordinateur de l'instance dirigeante du FLN, Mouad Bouchareb n'aura donc pas tardé à se faire des ennemis. Sa gestion, que ses adversaires qualifient d'unilatérale, a fini par diviser les rangs du parti. Ce dernier n'étant pas encore sorti de l'ère Djamel Ould Abbès, où son discours a atteint des niveaux bas pour retomber dans l'autoritarisme de Bouchareb, voire les déclarations provocatrices, particulièrement depuis le début de la contestation populaire contre le cinquième mandat de Bouteflika, puis le prolongement du quatrième et le départ du système. En plus du rejet populaire qui ne cesse de répéter «FLN dégage !» lors des marches, voilà que l'ex-parti unique est au centre d'une nouvelle fronde qui vise sa direction, pourtant désignée par Bouteflika. Les membres du CC réunis hier, ont déclaré la vacance du poste de secrétaire général du parti, ne reconnaissant pas ainsi Bouchareb comme tel. A cet effet, ils promettent de convoquer la prochaine réunion au siège du FLN à Hydra. «Le comité central est l'instance suprême entre deux congrès, et le seul habilité à élire un secrétaire général du parti. On est devant une vacance dans ce poste», expliquent-ils. Pour les jours à venir, ils disent n'avoir besoin d'aucune autorisation pour se réunir au siège national. «Celui qui a été intronisé par le cadenas à la tête de l'APN mérite d'être traité de la même façon», avertissent des militants qui veulent envahir prochainement le siège national, pour interdire à Bouchareb d'y accéder. L'objectif des membres du CC est désormais de convaincre au moins les deux tiers de cette instance, pour pouvoir convoquer une session extraordinaire et élire un nouveau secrétaire général, et un nouveau bureau politique. Dans une déclaration à la presse à l'issue de la réunion, Saïd Bouhadja a expliqué que les présents ont débattu «des moyens à même de sauver le FLN de la situation dans laquelle il se trouve», plaidant pour «la remise du parti sur la voie de la légalité». «Il faut redonner de la légitimité au FLN, en application des statuts issus du 10e congrès, et permettre au Comité central de tracer la politique du parti. Une politique authentique et en lien avec le peuple», a soutenu l'ancien président de l'APN destitué. Sans le nommer, Bouhadja s'en prend à Bouchareb dont la gestion est «unilatérale», et appelle au retour à la gestion collective des affaires du parti. «On veut s'en débarrasser de ceux-là, et porter à leur place une direction légitime et des hommes compétents», a-t-il lâché. Bouhadja a nié enfin toute volonté de prendre les rênes du parti.