La commune de Yattafen, regroupant les deux villages d'Aït Saâda et Aït Daoud, s'apprête à honorer, le 20 août prochain, ses vaillants martyrs qui ont contribué à la libération du pays. Une stèle commémorative, surmontée du z berbère, comme pour exprimer une jonction entre les générations, est réalisée au lieu-dit Hend Ouchen, situé à égale distance des deux villages. Les représentants locaux de l'ONM, des enfants de chahid, des membres de la société civile et de l'administration ont pris la décision d'honorer, de manière retentissante, quarante-trois ans après l'indépendance — il n'est jamais trop tard surtout quand il s'agit de bien faire — les chouhada de la région. Une première assemblée consultative, dont l'objectif est d'arrêter les modalités de la commémoration, a eu lieu, jeudi dernier, à la cantine de l'école primaire d'Aït Saâda. Le débat qui a duré jusqu'en début d'après-midi a permis aux intervenants de faire des propositions sur la dimension à donner à cette commémoration. Pour d'aucuns, appréhendant un manque de moyens, notamment le nerf de la guerre, il faut juste une modeste cérémonie, l'essentiel pour eux étant dans le geste et la symbolique. Ce n'est pas le point de vue des autres pour qui, au contraire, il faut quelque chose de grandiose, d'autant qu'il s'agit d'une première pour nos martyrs, jusque-là oubliés. Finalement, décision a été prise de mettre en place un bureau élargi qui se décomposera en commissions, qui seront chargées de la prise en charge des différents aspects de cette cérémonie qui aura lieu le 20 août prochain. Les membres de ce bureau se sont donné un temps de réflexion et de prospection avant de se retrouver à nouveau pour faire une évaluation et choisir définitivement une option, en fonction du feed-back. Mais, au-delà de son ampleur, il y a lieu de bien mettre en relief l'opportunité de cette cérémonie au moment où l'écriture de l'histoire est devenue de nos jours un enjeu politique majeur. L'initiative de la commune de Yattafen, comme l'a si bien mis en relief Chérif Yatta dans son intervention, doit avoir des répliques dans tous les villages de Kabylie. Car, pendant la Révolution, il n'y a pas un seul hameau, une seule famille, une seule personne qui n'ait pas contribué à la libération du pays. Cette contribution de la Kabylie, qui aura été le fer de lance de la Révolution, ne transparaît pas malheureusement dans le discours officiel, qui réinvente l'histoire selon des a priori intéressés. Il s'agit donc aujourd'hui pour toute la Kabylie de se réapproprier sa part d'histoire, proportionnelle à sa contribution à la libération. A. O.