Les manifestants ont brandi de nouveaux slogans adaptés aux nouveaux rebondissements enregistrés sur la scène politique. C'est encore une fois un véritable raz-de-marée humain qui a envahi la ville de Tizi Ouzou, hier pour le 7e vendredi consécutif. Comme depuis le 22 février, il n'était pas encore 12h lorsqu'une foule immense s'est rassemblée devant l'entrée de l'université de Tizi Ouzou, devenue le lieu emblématique de départ de toutes les manifestations antisystème. Comme à l'accoutumée, il y avait autant d'hommes que de femmes, de personnes âgées que de jeunes et d'enfants, qui, drapés dans l'emblème national ou amazigh, sourire aux lèvres, un grand espoir dans les cœurs, toujours dans une ambiance de joie et de communion, et tous animés d'une inébranlable détermination, refusent de plier et se refusent de rater ce train de l'histoire qui conduit vers un destin meilleur. Dans la foule, il y avait aussi des têtes connues, qui rappellent bien des luttes. Il y avait parmi eux Hend Sadi et de nombreux autres militants de la cause berbère, il y avait l'ex-premier secrétaire du FFS, Ahmed Djedaï, et aussi le jeune Merzouk Touati, l'une des grandes victimes de l'arbitraire. Il y en avait sûrement d'autres, mais l'immensité et la densité de la foule ne permettait, par endroits, même plus d'apercevoir ses propres pieds. Au-dessus des têtes des manifestants, de nouveaux slogans, adaptés aux nouveaux rebondissements enregistrés sur la scène politique, sont mis en valeur. "Les trois B, dégagez !", "Bensalah, Bedoui, Belaïz dégagez tous !", "Khawa khawa, oui ! Mais le peuple pour la souveraineté, l'armée pour la protection", "Non au pouvoir des généraux", "Dites à Gaïd Salah qu'il est concerné par : Yetnehaw gaâ. Nous n'avons pas oublié", "Yethasbou gaâ" (ils seront tous jugés), "Votre gouvernement n'est pas reconnu par le peuple", "Ni Bedoui ni le gouvernement de la honte" sont autant de nouveaux slogans venus se greffer aux innombrables slogans qui sont revenus inlassablement durant les six vendredis précédents et également lors des différentes manifestations qui ont lieu tout au long de la semaine. Les habituels slogans étaient également toujours là pour rappeler les revendications principales et premières du peuple. "Système dégage", lit-on sur une infinité de pancartes. "Pour une réelle transition démocratique", lit-on sur une large banderole déployée par le collectif des avocats pour la dignité et le changement. Partout sur l'itinéraire de la marche, de l'université jusqu'à la place de L'Olivier, à la sortie ouest de la ville, itinéraire d'environ trois kilomètres sur lequel les manifestants n'arrivent pas à avancer, y compris sur les trottoirs, on entend scander, tantôt "Echâab la yourid, la Bedoui, la Belaïz la Bensalah", tantôt "Echâab Yourid Isqat Enidham" ou encore "Ellah Ellah ya baba djina nehiw el-aissaba". Les scènes d'hier qui se sont poursuivies au-delà de 17h montrent on ne peut plus clairement à quel point le peuple est déterminé à aller jusqu'au bout de son combat, celui de la chute de tout le système et l'instauration d'un véritable ordre démocratique.