Les parlementaires de l'opposition, acquis au mouvement du 22 février, n'entendent pas prendre part à ce conclave. La réunion, demain, des deux Chambres du Parlement pour acter la vacance du pouvoir, après la démission du président Bouteflika, le 2 avril dernier, conformément à l'application de l'article 102 de la Constitution, n'aura pas l'assentiment de l'opposition. Les partis siégeant au Conseil de la nation et à l'Assemblée nationale populaire (APN) ne prendront pas part à ce conclave. Pour le Front des forces socialistes (FFS) qui compte des représentants dans les deux Chambres, "c'est au peuple algérien qu'il appartient de reconstruire l'Etat et ses institutions d'une manière souveraine et démocratique, après 57 ans d'un régime autoritaire qui a empêché toute alternance démocratique". Dénonçant la convocation des deux Chambres du Parlement qu'il a qualifiées "d'illégitimes et d'impopulaires", le FFS a ajouté, dans un communiqué rendu public hier, que cette convocation décidée par "le pouvoir autiste n'entend pas la voix du peuple", et qu'elle intervient comme "une vaine tentative de reconduire les responsables du régime, afin de le pérenniser, de le renforcer et de le consolider". Le communiqué a rappelé que "le peuple algérien manifeste depuis le 22 février pour exiger un changement du système et non un changement dans le système", précisant que "le peuple, dans toutes ses composantes et sur tout le territoire national, exige un changement radical du système en rejetant ses deux béquilles institutionnelles". Comme pour appuyer sa décision de ne pas aller au congrès parlementaire, le FFS a informé qu'il a procédé "à la levée de la couverture politique aux parlementaires du parti qui n'ont pas démissionné". Une décision justifiée "pour non-respect de la décision relative au retrait des parlementaires du FFS des deux Chambres du Parlement prise par les instances politiques du parti le 6 mars 2019, conformément à la charte de l'élu et aux textes du parti". Le Parti des travailleurs (PT), dont les élus ont démissionné, ne prendront logiquement pas part au conclave. Le député Djelloul Djoudi a souligné, hier, que le parti "a choisi de participer aux législatives, afin d'utiliser la tribune du Parlement pour défendre les droits du citoyen, mais maintenant que le peuple s'exprime dans la rue, notre présence à l'Assemblée n'a aucun sens". M. Djoudi a rappelé que son parti milite pour le respect de la souveraineté populaire, et celle-ci ne peut être respectée "en dehors de la mise sur pied d'une Assemblée constituante capable de réaliser les aspirations de la rue". Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), dont les élus tiendront, aujourd'hui, une réunion pour définir et formaliser leur position, ne devrait pas participer à la conférence parlementaire, eu égard à son rejet d'une transition chapeautée par les gens du système. De plus, le parti s'est déjà retiré de toutes les activités du Parlement, ce qui laisse conclure que ses députés n'iront pas au Palais des nations demain. Côté islamiste, l'alliance El Bina-Adala-Ennahda est plutôt défavorable à la désignation de Bensalah comme chef de l'Etat par intérim. Elle menace de ne pas être au rendez-vous de demain si l'option venait à être maintenue. Les partis, qui composaient l'Alliance présidentielle, en l'occurrence le FLN, le RND, le MPA et Taj, ne se sont pas prononcés publiquement sur le congrès parlementaire. Mais comme ils ont été partie prenante dans la commission mixte qui a élaboré le règlement intérieur et fixé la date du congrès, nul doute qu'ils répondront présent demain.