Les cours du brut ont rebondi, hier, bien au-delà des niveaux de clôture de vendredi. En effet, vers 17h, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin valait 71,06 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 72 cents par rapport à la clôture de vendredi. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour mai gagnait 1,11 dollar à 64,19 dollars. Des plus hauts jamais atteints depuis cinq mois. Ce rebond spectaculaire des prix est à mettre sur le compte des bons indicateurs économiques provenant des Etats-Unis, mais aussi de la situation qui prévaut en Libye, où de violents combats opposent depuis dimanche dernier les forces du maréchal Haftar aux troupes du gouvernement d'union nationale (GNA), reconnu par la communauté internationale. Le premier facteur favorisant la hausse des cours augure d'une reprise de la croissance et, par ricochet, de la demande mondiale de brut, tandis que le second laisse présager un resserrement de l'offre si l'affrontement entre Libyens venait à engendrer une interruption de la production de pétrole. Cette situation, bien que liée à des faits de conjoncture, exception faite des chiffres sur l'emploi aux Etats-Unis, fait dire au ministre saoudien de l'Energie, Khalid Al-Falih, son optimisme quant à un rééquilibrage du marché qui serait déjà amorcé. Khalid Al-Falih a déclaré, hier, que le marché pétrolier était en voie d'équilibre et que les pays producteurs de pétrole n'auraient peut-être pas besoin de réduire davantage leur production. À la question de savoir si son pays était prêt à faire des coupes supplémentaires pour soutenir le marché, le ministre saoudien pense que le besoin n'y est pas. "Je ne pense pas que nous en ayons besoin. Je pense que le marché se rapproche de l'équilibre", a-t-il indiqué, lors de la conférence Gulf Intelligence Saudi Energy, tenue à Riyad. Le ministre saoudien a toutefois insisté sur le fait qu'il était encore prématuré de dire qu'une réunion cruciale en juin pour l'Opep et ses alliés permettrait de prolonger les réductions de 1,2 million de barils par jour. Il a précisé que cette question serait débattue lors d'une réunion clé de l'Opep+ prévue à Djeddah (Arabie saoudite) le mois prochain. Khalid Al-Falih a dit que la Russie, principal producteur non-membre de l'Opep, et d'autres producteurs comme l'Irak, le Koweït et les Emirats arabes unis avaient respecté leurs obligations en matière de réduction de production. "Une fois de plus, la mise en œuvre va dans la bonne direction (...), le marché redevient sain", a déclaré Khalid Al-Falih, soulignant sur sa lancée que l'objectif principal des pays de l'Opep+ restait de réduire le niveau des stocks mondiaux car "le marché est sensible aux stocks". Bien que le niveau des stocks ait baissé ces derniers mois, "ils sont nettement supérieurs à la normale", a-t-il fait savoir. Ali Titouche