Mécontentement, rumeurs de démission, tout ne semble pas aller pour le mieux entre le chef de l'Etat et certains de ses ministres les plus proches. Le retrait de l'avant-projet de loi sur les hydrocarbures, les proportions prises par la polémique autour du soutien présidentiel au régime de Chavez ainsi que la dangereuse recrudescence, voire la flambée, des attentats terroristes ont créé un malaise dans le staff de Bouteflika. Le chef de l'Etat est en passe de perdre ses alliés potentiels l'un après l'autre. Le malentendu entre le président de la République et son ministre de l'Energie suite à la décision de gel du projet de privatisation de la Sonatrach prise par Bouteflika le 24 décembre dernier confirme le divorce entre les deux hommes dont on connaît les liens d'amitié. Le locataire du building de Ghermoul est depuis une semaine à Washington, a annoncé un journal pro-clan présidentiel. L'agence APS, pour sa part, a fait état, hier soir, de l'achèvement d'une visite de M. Khelil à Washington où il avait rencontré notamment le président de l'Eximbank et d'autres responsables américains. Une information qui intervient curieusement à la fin de ladite visite. Le ministre de l'Energie n'a fait aucune déclaration publique depuis le Conseil des ministres du 24 décembre dernier, préférant s'éclipser après avoir été informé par Bouteflika du gel de ce projet pour lequel il a fait une grande campagne. À ce camouflet est venu s'ajouter celui relatif au démenti infligé par une source autorisée de la Présidence à l'information concernant l'envoi de techniciens de la Sonatrach au Venezuela. Le mécontentement des Américains a poussé le président de la République à réagir. Selon certaines sources, c'est Bouteflika lui-même qui aurait rédigé les précisions. Le ministre de l'Energie, connu comme étant un pro-Américain sur le plan de la pensée économique, a été sacrifié par le premier magistrat du pays. C'est là le deuxième camouflet subi ces derniers jours par Chakib Khelil. Ce dernier n'est pas le seul dans le clan présidentiel à quitter — ou à souhaiter jeter l'éponge. On croit savoir que le ministre de l'Intérieur aurait exprimé au chef de l'Etat son souhait d'être déchargé de sa fonction ministérielle à son retour de Paris où il venait de recevoir des soins. Ce n'était, en effet, pas la première fois que Zerhouni effectuait un séjour médical à l'étranger. Le dernier en date remonte à quelques jours. Ce n'est pas également pour la première fois que le ministre de l'Intérieur a émis le vœu d'être libéré par le Président qui le maintient contre vents et marées. Si Bouteflika accède à la demande du ministre dans le cadre d'un réaménagement gouvernemental que la rumeur présente comme imminent, Zerhouni pourrait prendre une importante chancellerie comme Paris ou Washington. Il est important de signaler que ce ne sont que quelques indices de la fissure du staff présidentiel. Durant le mois de ramadhan dernier, le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Khalida Toumi, avait déposé, affirment des sources informées, sa démission au chef de l'Etat lequel l'a rejetée. Bouteflika ne pouvait pas se passer d'un des soutiens les plus importants qu'il compte dans la société civile, mais aussi dans les milieux politiques. Selon certains observateurs, Mme Toumi ne partage pas la manière avec laquelle est gérée l'Année de l'Algérie en France par la structure en charge du dossier. Justement, le président de la République compte beaucoup sur l'apport de son ministre, mais aussi et surtout, de ses réseaux dans l'Hexagone pour la réussite de cet événement. C'est donc dans un climat marqué par la crise, le blocage et la multiplication des actes terroristes que le chef de l'Etat entame 2003, une année charnière dans son mandat présidentiel. Que fera le locataire d'El-Mouradia dans les prochains jours ? Les audiences tenues durant le mois de ramadhan seront-elles suivies de décisions ? Ce sont autant de questions en attente de réponses. M. A. O.