Mardi soir, la Mission de l'ONU en Libye a annoncé le report sine die de la Conférence nationale inter-libyenne, initialement prévue du 14 au 16 avril à Ghadamès, près de la frontière algérienne. Des milliers de personnes ont fui leurs maisons dans la capitale libyenne Tripoli, en raison de l'intensification des combats opposant les forces du Gouvernement d'union nationale (GNA) aux troupes du controversé maréchal Khalifa Haftar, qui poursuivent leur opération depuis jeudi dernier. Plus de 4500 personnes ont quitté leurs demeures pour se réfugier dans les quartiers qui échappent pour le moment aux combats, selon l'ONU. La majorité habite dans le sud de la capitale, où les troupes de l'Armée nationale arabe libyenne (ANL) de Haftar auraient avancé hier, se plaçant à seulement 11 km du cœur de Tripoli, selon certaines informations relayées par les médias locaux. "Après de violents affrontements autour de la caserne du 4e bataillon à Aziziya (...), les forces armées ont pris le contrôle de la caserne", a indiqué le bureau média de l'ANL sur sa page facebook. Ainsi, le chiffre des déplacés risque d'augmenter d'ici quelques jours, si les combats se poursuivent, malgré les appels incessants en direction de Khalifa Haftar pour qu'il retire ses troupes. Dimanche, l'ONU a demandé une "trêve humanitaire" pour permettre aux civils de quitter les zones de combat et éviter aussi le massacre de plus de 1200 réfugiés étrangers présents dans les camps onusiens. Mais M. Haftar est resté sourd à cet appel urgent, déterminé à prendre le contrôle de Tripoli pour asseoir son pouvoir militaire sur le pays. Hier, des informations ont fait état de civils que les forces des deux camps empêchent de quitter les zones de combat, compliquant davantage une situation humanitaire déjà chaotique à Tripoli et en Libye depuis la chute de l'ancien régime de Mouammar Kadhafi, fin 2011. La Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Michelle Bachelet, a rappelé "toutes les parties" à "leur obligation, en vertu du droit international, de garantir la protection des civils et des infrastructures civiles". Le Haut-Commissaire des Nations unies pour les réfugiés (HCR), Filippo Grandi, a demandé d'"épargner les civils, notamment les réfugiés et les migrants bloqués" en Libye. L'Unicef a indiqué de son côté que "près d'un demi-million d'enfants à Tripoli et des dizaines de milliers d'autres dans les régions occidentales" étaient "directement menacés". Selon le dernier bilan du ministère de la Santé du GNA arrêté dimanche soir, au moins 35 personnes ont été tuées depuis jeudi. Les forces pro-Haftar font état de 14 morts parmi leurs combattants. Aucun nouveau bilan n'a été donné depuis de part et d'autre, mais certaines sources parlent de plus d'une cinquantaine de morts et des dizaines d'autres blessés en une semaine de violences meurtrières, durant laquelle des armes lourdes ont été utilisées, sans compter les raids aériens qui ont causé de nombreux dégâts matériels.