Les combats opposant les forces du Gouvernement d'union nationale (GNA) aux troupes du controversé maréchal Khalifa Haftar se sont poursuivis toute la nuit de jeudi à vendredi, avec une rare violence sur l'axe routier d'Oued Rabie, dans le sud de la capitale Tripoli, ont rapporté les médias libyens. Ces combats continuent alors que l'ONU a appelé à un cessez-le-feu immédiat à Tripoli, où les combats ont fait 75 morts, selon un nouveau bilan de l'Organisation mondiale de la santé, tandis que plus de 8000 civils ont fui leur domicile pour échapper aux raids aériens et aux tirs d'artillerie anarchiques. "Il est encore temps d'arrêter les affrontements, encore temps d'avoir un cessez-le-feu, d'éviter le pire", a déclaré à des médias M. Guterres, après une réunion à huis clos du Conseil de sécurité de l'ONU. "Nous avons besoin de relancer un dialogue politique sérieux", a-t-il insisté. L'ONU avait annoncé mardi en raison des combats le report sine die d'une conférence inter-libyenne qui devait aider le pays à sortir du chaos. Jeudi, des combats avaient lieu comme la veille au sud de Aïn Zara, où le GNA a organisé pour les journalistes une visite à la prison de cette banlieue de Tripoli où des personnes présentées comme des combattants pro-Haftar, dont des mineurs, sont placées en détention. Une agence de l'ONU était sur place et menait des entretiens avec les prisonniers. Le directeur de la prison, Ayad Enjem, a fait état de la détention de 75 combattants de l'ANL vendredi. Parmi eux, plusieurs ont moins de 16 ans, selon lui. Une dizaine de prisonniers ont été présentés aux journalistes, jeudi. Plus de 100 autres sont détenus dans une prison à Zawiya, à 50 km à l'ouest de la capitale, selon le responsable de cette prison, Abdelbasset Abou Ajeila. Dans un pays plongé dans le chaos depuis la chute du régime Kadhafi en 2011, les organisations internationales craignent que les civils ne fassent une nouvelle fois les frais des violences. Plus de 8000 personnes ont été déplacées par les combats qui font rage dans les environs de Tripoli, la capitale libyenne, dont la moitié au cours des deux derniers jours, a indiqué l'ONU vendredi. "Les déplacements en provenance des zones touchées par les affrontements dans les environs de Tripoli continuent de se multiplier", a déclaré aux médias un porte-parole des Nations unies à Genève, Rhéal Leblanc. "En outre, de nombreuses familles restent bloquées à l'intérieur des zones touchées par le conflit", a-t-il dit. L'ONU craint pour leur sécurité. Vient s'ajouter le fait que les vivres s'amenuisent. Le maréchal Khalifa Haftar, l'homme fort de l'Est libyen, a lancé le 4 avril une offensive pour s'emparer de Tripoli, siège du GNA, dirigé par Fayez al-Sarraj et reconnu par la communauté internationale. Avec son Armée nationale libyenne (ANL), non reconnue sur le plan international, le maréchal Haftar espère étendre son emprise sur l'ouest de ce pays pétrolier, alors qu'il contrôle déjà l'Est et – plus récemment – le Sud. R. I./Agences