Ni la démission du premier chef du conseil de transition ni celle du patron du puissant organe du renseignement n'ont modifié la position des manifestants, qui exigent une transition menée par des civils. La mobilisation de milliers de manifestants se poursuivait hier devant le quartier général de l'armée à Khartoum, d'où l'embarras du conseil de transition, qui a procédé au changement de son chef sans pour autant convaincre. Cette décision a été accueillie dans la joie par les Soudanais, qui n'en démordent pas, même après l'annonce du conseil militaire de transition de la démission du patron du puissant service de renseignement soudanais NISS, qui a mené la répression de la contestation sans succès. "Le chef du conseil militaire de transition, Abdel Fattah al-Burhane, a accepté la démission" de Salah Gosh, patron du NISS, a-t-on indiqué hier dans un communiqué. Le conseil de transition a annoncé par la voix du général Omar Zinelabidine sa prestance à ouvrir le dialogue. "Nous ouvrirons un dialogue avec les partis politiques pour examiner comment gérer le Soudan. Il y aura un gouvernement civil et nous n'interviendrons pas dans sa composition", a-t-il déclaré. Il n'en demeure pas moins que sur le terrain rien n'a changé, et hier matin des soldats ont enlevé des barricades qui avaient été posées dans plusieurs rues menant à leur quartier général, où des manifestants échangent eux avec les militaires ou s'affairent à nettoyer les lieux, préparer à manger, boire du thé ou du café, après une septième nuit consécutive sur les lieux. L'Association des professionnels soudanais (SPA), qui est le fer de lance de la contestation contre le régime al-Bachir et maintenant contre la transition militaire, n'a pas changé sa position et maintient la pression. Elle a appelé hier les Soudanais à manifester encore plus pour "continuer le parcours jusqu'à la victoire finale de notre révolution". Le communiqué souligne : "Nous confirmons que notre révolution est en marche, ne reculera pas et ne déviera pas de son chemin menant à la satisfaction totale des revendications légitimes de notre peuple, notamment le transfert du pouvoir à un gouvernement de transition civile." Clair, net et précis ! La présence des militaires au pouvoir est totalement rejetée par les manifestants. Ceci étant, les manifestants affichent leur fierté face à la tournure des évènements. "En deux jours, nous avons renversé deux présidents" ou encore "Nous avons réussi", ont-ils scandé, en brandissant des drapeaux soudanais. Quant aux dernières décisions du conseil militaire de transition, notamment les démissions, elles sont jugées par Errachid Saïd, le porte-parole du SPA, comme "un pas positif dans la bonne direction et une abdication vis-à-vis des revendications populaires et nous nous rapprochons de la victoire".